08-Les australiens campent
Le bush, la mer, la pêche, le surf, le farniente, le travail saisonnier, les parcs nationaux, etc, les Australiens campent facilement pour deux jours, deux mois ou quasiment à l'année. Dans l'ouest, il y a autant de "vans", caravanes tirées par un véhicule que de "camping car" classiques. Une bonne douzaine d'agences de location proposent des modèles compact ou XXL. Britz, AutoBarn, KEA, Appolo, BackPackers, etc. se disputent le marché. Le problème des plus gros est leur incapacité à aborder les pistes. Dommage de venir en Australie pour rester sur l'asphalte. Modèle XXXL.
Mieux adaptées à l'exploration tout terrain, trois solutions pratiques :
J'ai été frappée par l'art du campement australien, toute une cérémonie ! Il faut en général deux heures pour s'installer. Disposer la tente roulotte, déployer les toiles servant de chambrettes, sortir le barbecue, l'évier et les toilettes portatives, brancher les appareils et les lumières, déployer les sièges, tables et jeux d'enfants, disposer les équipements de pêche ou de plongée, etc. La bière accompagne le rituel.
Certaines de ces caravanes atteignent un sommet d'ingéniosité : la coque s'ouvre sur les deux côtés, des tiroirs latéraux font apparaître une table de cuisson, ou des rangements pour cuisiner dehors. Bateaux, kayaks, vélos,motos complètent le déménagement. Les Australiens sont très équipés.
Minimaliste, la tente sur-élevée à une place ou insolite... avec canapé.
07-Temps gris, dunes blanches
Au sud de Broome, nous observons régulièrement des dunes, de couleur dorée, parfois rouge comme au Parc National François Perron ou encore blanche. Elles restent souvent inaccessibles. Nous les admirons de loin sans pouvoir trouver un chemin d'accès. Au départ de Perth, j'ai eu la chance de les apercevoir de haut, voici deux photos aériennes de la côte ouest.
Journée grise à proximité de Cervantès, soudain, des dunes blanches, accessibles par une piste chaotique. C'est la Réserve Naturelle de Beekeepers. Grimpette au sommet. Nous dérangeons des canards en famille. Un des parents entraîne rapidement les petits hors de portée tandis que l'autre tente de nous attirer à l'opposé. Nous suivons ses traces vers le sommet de la dune. Il se retourne et nous surveille, satisfait, avant de disparaître.
Des dunes à perte de vue, la mer au fond. Le vent chasse le sable, l'arrête devient floue.
Des pistes en couleurs : rouge, blanc, du jaune.
Travaux de route, en couleurs.
06-Ciels de l'ouest
Lorsque le spectacle est au-dessus de nos têtes : les nuages parlent en morse à la façon indigène, le vent cisèle des chevelures blanches, les cumulus se mettent en ligne, la barrière annonce la pluie, le soleil darde ses derniers rayons sur une figure géométrique, etc. Autant d'images à découvrir en poète à défaut de connaissances en météorologie !
05-Routes de l'ouest
Longues distances, très longues distances dans cette vaste province du Western Australia. Cependant, tous les vingt ou trente kilomètres le paysage change, parfois de façon discrète, comme au jeu des 7 erreurs. Il survient un petit changement offert à l'oeil attentif : végétation, couleur du sable, léger relief, présence animale, etc, avant la prochaine station-relais ou le prochain panneau signalant "wallabis sur 120 km". Le suspens est dans l'observation… de la monotonie. Comme si elle venait stimuler l'oeil, mettre le regard au défi d'un détail important. Peut-être est ce la meilleure façon d'offrir un regard attentif, lorsqu'il n'y a "rien à voir" ? Monotonie et surprises.
Au fond une zone de brûlis.
Les poubelles, toujours par deux, éolienne solitaire.
Les bords de mer sont plus variés si la côte a des falaises. Points de vue saisissants sur les vagues remontant en geysers entre les rochers déchiquetés, aperçus de mini plages désertes, d'un phare bicolore, d'exploitations de pêches, des dunes, d'immenses étendues desquelles bondissent parfois des wallabis apeurés, etc.
Surprises de la route. Les wallabies au grand galop. Ou SOS baleines.
Fanon de baleine humpback, sorti des eaux comme un ultime signe de reconnaissance ? Chance inouïe de voir cette si grosse baleine alors que leur migration vers l'Antarctique est déjà bien avancée en novembre. Nous sommes sur la route et soudain de grands jets blancs sur l'eau. Emotion.
Plus bruyants, déplaçant beaucoup d'air, les camions australien XXXL.
"Road train", ces monstres de la route coupent le souffle et la monotonie ! Ce sont d'énormes camions à multiples remorques. Il faut prévoir 2 à 3 km de visibilité pour les doubler et se coller au fossé pour les croiser tant ils déplacent d'air. Plus gros encore, les convois exceptionnels utilisent toute la largeur de la route et vous envoient carrément au vert : ainsi passent des maisons en préfabriqué, des engins de chantier pour l'exploitation des mines, des turbines gigantesques, etc. Question d'échelle.
"Floodway", risque d'inondation, c'est le panneau que nous voyons le plus souvent sur ces route sans relief ! La pluie peut se déverser brutalement et recouvrir la route de plusieurs mètres d'eau en quelques heures. Elle stagne ou emporte tout sur son passage. Faute de relief les routes sont élargies dans les zones sensibles. Les pelleteuses amorcent des tranchées latérales pour tenter d'évacuer les flots. Les rares arbres laissent deviner la hauteur des inondations avec les matières restées accrochées dans leurs branchages.
Au creux d'une pente, on imagine facilement le risque d'une inondation, mais il existe aussi sur les espaces plats à perte de vue. Les hauteurs atteintes sont indiquées. Asphalte ou piste, même risque.
Economie de signalisation, les panneaux sont rares mais suffisants. Il faut les mémoriser. La présence d'animaux est signalée une seule fois pour toute la distance affichée, ici 420 km. Les stations essences sont indiquées cinq kilomètres avant. La suivante peut être à deux cents kilomètres. Anticipons !
Les grandes distances de la côte ouest.
Inondations, animaux sur la route, le feu représente lui aussi un risque important.
En Australie, les enfants ne courent pas à l'école, la grande soeur tient le frère par la main.
Les guides tels que Camp Five, ou Free campements, permettent de connaître les aires de repos gratuites et/ou accessibles la nuit. Pas de chemins de traverse, tout est clôturé, il faut donc trouver des astuces pour se poser la nuit : anciens chantiers de construction, dessous de ponts, bord de rivière, etc. Il est interdit de camper à moins de vingt kilomètres des villes. On trouve quand même de beaux coins déserts. Ce sera sans doute plus délicat sur la côte est, bien plus peuplée. Panneaux marron ? Infos touristiques.
04-"Station" et "Homestead"
Il s'agit d'exploitations agricoles extensives dédiées à l'élevage, bovin le plus souvent. Le Homestead correspond à une maison de pionniers, venus s'installer, il y a une centaine d'années pour les plus anciennes. La surface de ces exploitations dépasse mes repères. Comme dans les haciendas de Patagonie. Cela se chiffre en centaines de milliers d'hectares, en milliers de têtes de bétail : 100 km sur 50 km n'est pas une grosse exploitation. Voici Munro.
Nous passons quelques jours à la station Munro, 200 km au sud de Broome, 8000 têtes de bétail, 1500 veaux. Nous retrouvons Maria, notre amie espagnole, gardienne des lieux pour deux semaines.
Des bâtiments d'habitation familiale entourés d'une large galerie, des logements pour les travailleurs agricoles, des hangars pour les véhicules, des réservoirs d'eau alimentés par les pompes, des abris pour les veaux orphelins nourris au biberon, un paddock, un corral, une piste d'atterrissage, etc. Pas facile de donner le biberon au petit veau. En revanche les poules se laissent approcher pour ramasser les oeufs.
Un îlot de verdure autour de la maison principale entretenu par un arrosage automatique permanent, la famille y habitait à temps plein voici quelques années.
La station semble maintenant plus calme, les affaires se développant sur la côte autour du poisson. Peut-être aussi que la piscine ne suffisait plus comme loisir aux enfants, à 200 km de leurs camarades de classe. Les poules continuent à pondre leur dizaine d'oeufs quotidiens. Pensées pour Inès !
Chaleur plombante, terre rouge et sable vite incrusté partout, des mouches à l'aise et sans complexe, nous aidons à nourrir les veaux, les poules et les canards ainsi qu'à chasser les chevaux qui viennent de se faufiler dans le havre de verdure soigneusement protégé d'une grille... par où sont-ils entrés ?
Spécial Clara, ici, tu adorerais t'occuper des chevaux !
Relais-radio et trousse de secours, la plupart des stations ont de quoi faire face aux urgences médicales, la piste d'atterrissage facilite les évacuations. On est loin de tout. La vie coule au rythme des travaux quotidiens et du repas du soir.
Notre geste sera de faire la cuisine pour la venue du fils et de son acolyte aborigène qui, demain, iront inspecter les clôtures. Le rassemblement du troupeau se prépare pour la semaine prochaine. Les veaux de deux ans seront sélectionnés et expédiés en Indonésie. Nous plongeons quelques jours dans le quotidien d'un élevage australien.
Sommes au bord de la mer, c'est l'Océan Indien, couleurs superbes.
Entre le parc national de Cape Range et celui de Nigaloo Marine, nous entrons au Nigaloo Homestead. Cet élevage de moutons, de chèvres et d'émeux s'étend le long de la côte. Eaux cristallines, plages de sable fin accueillant la ponte des tortues, la Baie Lefroy nous attire par ses vastes solitudes, loin des stations touristiques.
Il faut aller demander une autorisation à la Homestead qui vous remet une clé contre une caution de 100 dollars et vous attribue une localisation précise dans l'une des trois zones accessibles, à 15 ou 20 km de là. 5 dollars par personne pour la nuit, 4x4 nécessaire pour rouler dans le sable mou et obligation de dégonfler les pneus à 20 PSI (1,3 Bars ou 138 KPA). Jacques n'avait jamais dégonflé aussi bas. Arrivée au Homestead Nigaloo.
Ce Homestead semble avoir arrêté d'horloge dans les années 1950. Vieux véhicules abandonnés le long des divers hangars, pas de jardin, habitations imbriquées autour de trois ou quatre cabanes. "Sonnez et attendez". La patronne vient vous expliquer les conditions et vous remettre une clé de portail. Est-ce encore la famille Lefroy, du nom de la baie éponyme ? Nous ne le saurons pas. Le contact est aussi aride que les lieux.
A quelques kilomètres, les troupeaux, le corral, le point d'eau
Isolement garanti, pas de voisin gênant, pas de services (toilettes ou eau potable), il faut disposer de ses propres sanitaires sinon on vous en loue un. Mais quelles journées d'exception ! Le luxe de l'espace, l'horizon sans fin, les tortues à deux pas dans les eaux si limpides, le silence juste animé lors du passage des mouettes ou des coups de vent.
Au petit matin, des traces d'une tortue venue pondre. Celle-ci n'a pas creusé son trou, elle a repéré les lieux puis fait demi-tour vers la mer.
En plein bush, terre aride à perte de vue, en direction de Millstream.
Milletream, ancienne homestead convertie en musée, à l'intérieur des terres, au sud est de Kerratha, dans le parc Millestrem/Chichester, voici une homestead "antique". On retrouve la galerie entourant la maison principale, l'espace réservé aux familles aborigènes, les bâtiments annexes, les pacages, les réserves d'eau et de nourriture. L'élevage des moutons s'est arrêté, en autres, à cause de la recrudescence des dingos, ces chiens sauvages particulièrement agressifs. Aux alentours, un cour d'eau, des chutes, un petit lac.
Envie irrésistible de voir les chutes de plus haut, Jacques en altitude.
Bivouac de rêve au bord de la rivière, canot à disposition.
Balades entre les spinifex : couleurs douces, piquants redoutables.
Plus au sud, deux stations d'élevage de moutons, Quobba, les moutons pour la viande, Gnaraloo, les moutons pour la laine. Quobba, c'est la période du regroupement des bêtes. La bétaillère est conduite aux points d'eau pour embarquer les troupeaux et les ramener à la station. Pas de chiens. Deux étages de moutons à faire descendre vers les pacages.
Gnaraloo, il y a trois ans, cette station a subi coup sur coup, les ravages du feu puis ceux des inondations. Elle redémarre tout doucement car elle a dû expédier ses troupeaux ailleurs. En attendant, les vagues et le vent constituent une valeur de référence : les surfeurs estiment que c'est un des meilleurs sites de la côte ouest. La station a un espace de camping où les passionnés du surf viennent passer plusieurs mois. Nous campons au bord de l'eau, à côté du Hilton. Balades et snorkelling, du bon temps.
Pas de vent, les surfeurs se reposent, les vagues sont douces et longues.
Dernier exemple de Homestead, dans le Parc François Perron (au nord de Shark Bay qui est un des deux sites UNESCO de la côte ouest). La famille Pepper y a élevé des moutons pour la laine. Nous retrouvons, dans les bâtiments devenus musées, globalement les mêmes techniques qu'en Patagonie. (voir Argentine, la tonte des moutons chez Rolito). Pacage des moutons à droite, tonte à gauche, six postes de travail. Les tondeuses sont alimentées par un moteur commun.
Au fond, la table de contrôle des toisons, la mise en sac et la presse des ballots.
Une énigme : à quoi sert cet engin situé dans le hall de tonte, en face de l'atelier ?
03-Rencontres octobre2011
Au tableau d'honneur des rencontres australiennes, le wallabi aux grandes oreilles, immobile pour ne pas être repéré ! Plage de Broome, on y roule, on s'y prélasse, les australiens sont super équipés.
Mi octobre, j'arrive en avion à Broome, côte ouest. Plat pays à la terre ocre-rouge. Accueil en latérite ! Plages de sable fin, certains espaces sont accessibles aux voitures, d'autres réservés aux chameaux baladant leur lot de visiteurs chaque jour en saison. Le voyage reprend avec ces belles rencontres.
Rencontre patriotique. Soirée détendue sur la plage. Dès le premier soir nous rencontrons de jeunes français Elodie et Romain, Guillaume et Alex, étonnés par la plaque 69 de notre véhicule. Occasion d'en apprendre plus sur les conditions d'accueil des jeunes étrangers venus travailler en Australie. Ils sont unanimes à reconnaître l'atout de la confiance. Le patron explique le travail, montre les outils et fait confiance dès le début. Leurs différentes expériences dans la construction, la charpente, la vente, le lavage de voitures, la restauration, etc, convergent. Et ils apprécient fortement cette ambiance. Travailler trois mois dans les fermes aux travaux de récolte permet de prolonger la durée du visa. Ensuite viendra le voyage. Condition numéro un, avoir un véhicule et pouvoir y vivre sans frais. L'astuce est de trouver des endroits gratuits pour passer la nuit car partout les panneaux mentionnent "no camping". La police n'est pas accommodante. Carnarvon, rencontre d'Anaïs et Sébastien, la Beaujolaise et l'Angevin ayant quitté Paris pour l'Australie. Quelques jours encore dans la cueillette des fruits et des légumes, avant les vacances !
Rencontre de coeur. Maria, médecin espagnole croisée deux fois au Népal, est dans les parages. Elle est seule dans la "station", vaste domaine d'élevage extensif de bovins. Nous allons la retrouver dans la ferme où elle travaille : nourrir les petits veaux, les poules et les canards, surveiller l'arrosage permanent des pelouses jouxtant l'habitation principale, garder la maison en quelque sorte.
Bientôt la station se remplira pour le regroupement des troupeaux. L'hélicoptère guidera les opérations vers les pacages où les animaux seront sélectionnés. Les veaux de deux ans seront expédiés par bateau vers l'Indonésie. Maria attend une amie pour rejoindre Sydney, revendre son "van" (son véhicule) et préparer sa prochaine étape en Nouvelle Zélande.
De bons moments passés ensemble : observer un lézard gonflant ses oreilles comme des voiles, faire trempette dans la piscine, préparer les repas, refaire le monde sous les étoiles...
Nous croisons un contrôleur vétérinaire : quels produits et en quelles quantités sont administrés aux bêtes ? Quel est l'état des troupeaux ? Il va de ferme en ferme effectuer ses relevés. On ne badine pas avec les contrôles sanitaires ni avec la quarantaine. Un animal malade et c'est tout le troupeau qui est isolé, voire éliminé.
Un travailleur agricole, appelons le Bob, la cinquantaine. Il vient de passer six ans dans une exploitation bovine et n'a pas été payé depuis dix mois. Il s'en est aperçu au magasin local lorsque la caissière lui a dit que sa carte n'était pas approvisionnée. Relations devenues difficiles avec le patron qui venait d'acheter du matériel agricole. Souhaite changer d'horizon et espère quand même récupérer son dû. Broome lui semble être une trop grande ville. Il aime le bush, les fermes, les vastes espaces isolés.
Rencontre de sauveteurs. Panne de batterie en rase campagne sur une piste où, la veille nous avions croisé quatre véhicules et oublié d'éteindre les phares ! Petit matin "sans jus". Je m'installe en bord de piste avec mon beau gilet fluo et un bouquin. Deux heures plus tard, passage d'un Toyota. Chance, ce sont deux gars qui reviennent de leur semaine de travail pour prendre leur congé. Bonne ambiance, nous avons les câbles pour raccorder des batteries. Essai sur la première, rien, essai sur la seconde et hop cela redémarre. Soulagement ! Nos deux compères sont joyeux, eux aussi. "Ma grand mère me disait, fais une bonne action chaque jour. J'aurais commencé tôt aujourd'hui !" L'aborigène est resté plus silencieux. Nous leur offrons de petits cigares, ils sont touchés et repartent avec de grands signes.
Rencontres de voisinage. Au sud de Nigaloo, dans la baie Lefroy, après une centaine de kilomètres de piste, nous allons chercher une clé d'accès à un campement autorisé en bord de plage. Plage déserte ou presque. Mal et Win passent trois mois dans ce bout du monde isolé. Equipement australien efficace : roulotte, auvent doublant leur surface de vie à l'abri de la canicule, générateur pour entretenir un congélateur, avoir un peu d'air climatisé et la lumière nécessaire. Win, née en Nouvelle Zélande, peint, Mal pêche un peu. Ils se baladent et se baignent chaque jour. Nous partageons deux soirs de suite un apéro puis une tasse de thé. C'est comment la vie en Australie ? Nous en apprenons un peu plus sur les valeurs, les coutumes et l'art de vie australien. Win a créé deux chapeaux festifs.
Justine, au Centre des Arts de Carnarvon répond à nos questions. Il y a cinq tribus dans les environs et les artistes peignent chez eux sans trop de support collectif. Elle choisit les oeuvres en accord avec un conseil communautaire. Elle est en contact avec des Galeries d'art car certains artistes sont exposés en ville et dans d'autres régions. Equilibre délicat entre les talents à développer et les attentes des acheteurs.
02-Darwin vu par Jacques
Allo vous autres - après trois semaines d'attente et de patience et de repos, me voilà, frais et dispo à reprendre ces petits courriels. Voici le premier d'un autre continent, l'Australie, le sixième plus grand pays de la planète avec une population de seulement 22M, soit 13M de moins que celle du Canada; je suis plus précisément à Darwin et je commence à connaître la ville comme si j'y étais venu au monde. Petite, avec 70,000 de population, c'est la seule capitale tropicale de l'Australie, à seulement 300 km au sud de l'île de Timor en Indonésie. L'attente de P-Gaz qui arrivait en conteneur de Dili et des inspections passées sans anicroche le mardi 23 août - douanes, quarantaine, MVR (Ministry of vehicle registry) aura grignoté une dizaine de jours de déplacements dans le NT (Northern Territory). Je me suis donc loué un vélo et là je me suis payé toutes les pistes cyclables du coin, oui, oui, des pistes cyclables - plusieurs longent la mer et apportent une tranquillité inespérée mais bienvenue. Alors, quelque mots sur Darwin - je vous en dirai plus sur le reste du "NT" dans les prochaines semaines.
Le 19 août était jour de visite publique du Parlement du NT (photo) et de la Maison du Gouvernement (photo). Tout est ouvert et commenté par des guides - c'est une visite qui n'a lieu qu'une fois par année - et comme j'étais sur place, je me suis pointé. Je me sentais un peu chez nous car le système gouvernemental y fonctionne exactement de la même manière, soit un gouvernement fédéral et un gouvernement par État, soit six États (Queensland, New South Wales, Victoria, Tasmanie, South Australia et West Australia) et deux Territoires (Australian Capital Territory et le Northern Territory où je suis actuellement). Le Parlement est tout neuf et fut inauguré en 1994 = il y a un grand Hall de réception flanqué de chaque côté par une bibliothèque (avec internet gratuit pour 30 min) et par la Chambre de l'Assemblée Législative où siègent les 25 membres du NT qui représentent les 250,000 âmes. Puis il y avait ensuite la visite de la Maison du Gouvernement, la résidence officielle de l'administrateur des Territoires du Nord. Cette maison fut bâtie en 1871 mais fut détruite ou lourdement ravagée par trois cyclones différents et par des bombes ennemies (japonais) durant la guerre du Pacifique de 1942 à 1945. La bonne reine Élisabeth y a sa propre chambre (visite officielle en 1982); la maison a aussi accueilli Charles et Diana en 1988
Qu'est-ce qui frappe le plus quand on arrive en Australie après deux ans d'Asie? L'absence de monde et de pollution (sous toutes ses formes); la clarté du ciel; la nature et les grands espaces verts (et je n'ai pas encore commencer à visiter les Parcs nationaux et autres endroits naturels); le respect des piétons et des lois de la circulation - en fait, tout le contraire de ce que j'ai déjà écrit sur l'Asie (voir courriel - Fatigué) il y a à peu près un mois. Il y a une autre chose qui frappe à l'extrême quand on débarque dans ce pays - c'est la "grosseur" des Australiens - c'est presque inconcevable. C'est vrai que la France mange entre midi et 14 h, mais les Australiens mangent entre minuit et cinq et minuit mois cinq = leur système digestif n'a que 10 minutes de repos par jour... C'est à qui serait le plus gros, la plus grosse - ça fait presque pitié (je n'ai pas de photos, car ça ne serait pas gentil...). Je me demande s'il n'essaie pas de faire un peu compétition aux amerlocks...
Dans le Territoire du Nord surtout dans ce qu'on appelle ici le "top end" il y a deux saisons - le 'wet' et le 'dry'. Le 'dry' s'échelonne entre les mois de mai et fin septembre et la T° joue entre 20° et 35°; le 'wet' le reste du temps, mais avec des T° humides qui frisent souvent les 45° . Selon les climatologues Aussies, le Nord vit actuellement son plus beau 'dry' depuis 25 ans; soleil mur à mur à tous les jours et T° entre 20° et 32° sans humidité. Que demander de mieux!! Je vous parlerai une autre fois de la langue australienne et aussi quelques mots sur les aborigènes.
Voici donc Darwin, la capitale tropicale de l'Australie, par une belle journée ensoleillée.
Le parlement du NT et la chambre de l'assemblée législative (25 représentants élus)
La maison du gouvernement et la chambre de la Reine quand elle vient faire son tour
Les "totems" australiens - ils sont tout petits par rapport à nos troncs d'arbres - totems canadiens
Des chanteurs de rue, un aborigène et deux Français qui faisaient rire bien avec leurs chansons
01-Inspections australiennes
Le niveau d'exigence lié à l'importation d'un véhicule en Australie, est sans doute un des plus élevé de la planète. Un peu comme si votre véhicule devait entrer dans une salle d'opération chirurgicale ! Trois étapes à franchir : la douane, la quarantaine sanitaire et le contrôle technique du véhicule. Trois occasions, incontournables, de rencontrer du personnel allant du professionnel n'ayant pas perdu son bon sens à celui qui veut prouver sa toute puissance. Le 23 août 2011, Pgaz a réussi d'emblée les trois contrôles. Beau succès après tant d'efforts. En voici la petite histoire. Nous connaissions les exigences : le véhicule doit être propre comme neuf. Ni aliments, ni graine, ni eau, ni traces de boue, d'insectes, de poussière ou de matières végétales (bois, paille, plumes, fibres, etc). Nous avions recueilli des informations auprès de voyageurs ayant préparé à fond leur véhicule et qui, pour la plupart d'entre eux, ont dû faire refaire tel ou tel nettoyage puis revenir passer de nouvelles inspections. Du temps, de l'argent et combien d'énergie, durant deux à trois semaines, parfois plus, avant de récupérer leur véhicule.
Nous étions motivés et déterminés à faire entrer Pgaz en Australie au mieux possible. Nous pensions que cela signifiait une forte implication personnelle pour faire le maximum par nous même et superviser, au plus près, les nettoyages mécaniques hors de notre portée faute de connaissances et d'outils adaptés : le moteur, les roues, les freins, le châssis, les sièges et la cabine avant, etc. Nous espérions trouver au Timor Leste, une entreprise d'expérience avec un équipement adapté (jets haute pression, lift, produits de nettoyage, etc), ainsi qu'un savoir faire éprouvé (mécaniciens professionnels, contrôle du travail, etc). Part de rêve ! Les réalités ont été bien différentes. Pas de hangar ni de lift, peu d'outils, notre kit a été bien utilisé comme nos quelques produits de nettoyage. Tout s'est passé dans cette cour entre un générateur à réparer et une citerne en instance de lavage.
Travail en plein soleil à 40 degrés. De la bonne volonté, certes, mais il a fallu une constante vigilance pour contrôler et faire refaire jusqu'à un résultat correct. Jacques supervisait à l'extérieur. Démonter, nettoyer, sécher et remonter chaque élément.
Je travaillais sans relâche à l'intérieur avec chiffons, lingettes, cure-dents et piques à brochettes, brosses, détachants, etc. Chaque geste était dédié au résultat : "nous y arriverons du premier coup". Nous dégoulinions de sueur, Jacques avait le dos cassé et se mouvait avec difficulté tellement il souffrait. Le soir, totalement éreintés, nous revenions à pied jusqu'à l'hôtel de bord de mer. Ces 2,5 km effectués matin et soir étaient notre seule balade !
Juste une transition entre le droit de s'allonger et l'obligation de se donner à fond tant physiquement que mentalement. Tension également du fait des échéances et des démarches administratives : arriver à connaître la date de départ du bateau, attendre le container d'une heure à l'autre, trouver la douane, etc.
Tout avait commencé, pour nous, quatre mois auparavant. Impensable de se présenter avec des moustiquaires dont les bandes velco avaient fondu au soleil. Nous les changeons au Cambodge, à Phnom Penh, dans le garage de Finn, le norvégien aux multiples talents et au grand coeur. Finn met à disposition une équipe de huit personnes. Deux par moustiquaires, une dehors et une dedans pour pousser les aiguilles au travers de la tenture matelassée et coudre de nouvelles fixations. Deux journées pleines et combien amicales ! La veille, nous avions enlevé, non sans peine, les traces de colle laissées par le velcro fondu. Souvenirs du 25 mars, à Envotech, le garage bien équipé de Finn à Phnom Penh.
Quatre mois plus tard, fin juillet 2011, nous sommes à Dili (Timor Leste) dans l'entreprise de TROY Adams (Voir Liens). Troy espère aménager dans de nouveaux locaux professionnels mieux adaptés bientôt. Il vient inspecter les dessous de Pgaz, avant l'entrée dans le container.
Pour ceux qui sont confrontés à cette réalité, notre conseil est de tenter de "prendre de l'avance" en éliminant les éléments "douteux" : nous avions remplacé les rangements en carton par des boîtes en plastique, fait la chasse aux souvenirs en bois, plume, pierre, rafia ou fibres, donné la nourriture de réserve, etc. Il reste cependant encore trop à faire au dernier moment !
On peut aussi nettoyer en avance tous les joints de la porte du frigo, les brûleurs de la cuisinière, la literie et les matelas, les fauteuils pliants, les outils, les grilles d'aération, les spots et lampes, etc.
Inspection des charnières, avant et après.
Autre anticipation : Jacques change toutes les charnières des placards qui avaient rouillé durant la mousson indienne, une cinquantaine environ.
Grand lavage des housses de coussins et des matelas. Chance de trouver une machine à laver à Dilli. Nous essayons de préparer ce qui peut être fait à l'avance.
19 casiers (livres, tente, cartes et guides, réserves, outils, etc) à vider, brosser, sécher et replacer.
La suite est dans "la" liste, liste des nettoyages et ordonnancement de ceux-ci. En effet nettoyer au jet et sécher les casiers de rangement nécessite de pouvoir les vider, donc d'avoir de la place pour entreposer et trier les choses avant de les remettre en place.
Travailler par catégorie et moyens nécessaires : plus facile de nettoyer, seul, les semelles de toutes les chaussures que les fenêtres qu'il faudra démonter, à deux, pour éliminer les feuilles ou insectes glissés sous les joints, passer au jet les moustiquaires et occultants avant de remonter le tout. Look final, donner une première impression impeccable.
Conseil : garder trace des étapes du nettoyage avec des photos prises au cours des travaux. Cela permet de constituer un press book à la disposition des inspecteurs australiens. Dernière séquence : Pgaz entre dans le container lavé à grande eau. Derniers jets sur les roues avant la fumigation. Troy, le patron est là. Il effectue un des contrôles qui attendent Pgaz à Darwin : est ce que l'eau qui sort des traverses, sous le véhicule, est claire ou pas ? Un de ses ouvriers a passé une journée entière à laver au jet toutes ces traverses.
Petite histoire, au dernier moment, Pgaz est dans le container, bien sanglé, la fumigation va commencer. Ultime coup d'oeil sur notre véhicule, choc, je constate que le phare gauche n'a pas été nettoyé. Pour une première impression, le douanier verra un phare bien clair et l'autre opaque ! Je tente un nettoyage avec mes piques à brochettes et mes lingettes. Jacques coupe court. La fumigation est allumée et le container est scellé. Trop tard. Conclusion : huile de coude et moral d'acier ! Ne pas s'énerver et garder son idée fixée sur le résultat visé pour ne pas relâcher l'effort, le sien et celui de l'équipe locale. En effet, le mécano arrête son travail à cinq heures, le résultat visé (réussir les contrôles australiens) ne fait pas partie de ses préoccupations. Au final, il y a aussi sans doute, le facteur chance : chance de tomber sur des inspecteurs "normaux".
00-Introduction
La plage de Broome, côte ouest. Ciel bleu, sable blanc, roches rouge jaspé.
Deux ou trois choses à avoir en tête : l'environnement naturel, le peuplement d'origine, le climat, l'histoire et surtout la genèse du continent. Commençons par la genèse ! Il y a deux cent millions d'années la "terre" ne formait qu'une seule masse émergeant de la mer. Cent millions d'années plus tard, cette masse, Pangaéa, s'est divisée entre Laurasia au nord et Gondwanaland au sud.
Ce Gondwanaland s'est encore subdivisé il y a cinquante millions d'années en plusieurs parties dont l'Antarctique et l'Australie. Celle-ci s'est séparée de l'Antarctique il y a quarante millions d'années. Longue période d'isolement, sol pauvre et climat rude, les glaciers et les volcans n'ont pas façonné le pays comme ailleurs. Nombreuses espèces de plantes et d'animaux sont endémiques, certaines n'ont pas survécu aux arrivées occidentales. Cultures non compatibles, arrivée de rats, chiens, chats, cochons, lapins, etc.
Continuons par l'environnement. Vu du ciel, le pays est plat comme une crêpe, le sommet le plus élevé ne dépasse pas 1200m. La terre est fortement colorée, présence de latérite ocre et rouge jaspé. Prédominance de sable, sols pauvres, mais sous sols riches en minerais. La végétation semble pelée et bien aride, ce sera le fameux bush à découvrir en 4x4. Des lits de rivière à sec mais de nombreux panneaux indiquant les risques d'inondation. Des saisons fortement contrastées.
Le peuplement aborigène remonte à 40.000 ans, peut être plus encore. C'est le plus ancien continent à avoir été habité. C'est stupéfiant d'imaginer comment toutes ces ethnies (300 langues inventoriées), ont vécu, dans des conditions aussi extrêmes de chaleur, d'alternance de pluies diluviennes et de sécheresse, sans animaux de bât, comme les dromadaires des nomades nord africains, ou d'élevages comme les chèvres ou les moutons. Trouver de l'eau, de la nourriture, chasser, se soigner, fabriquer des outils, s'abriter, vivre le grand rêve australien, etc. Ici ou là, on peut recueillir quelques informations sur les différentes cultures aborigènes, leur nom, la diversité de leurs langues, les coutumes, etc. Pas vraiment beaucoup d'éléments. Mais imaginer 40.000 ans de vie dans de telles conditions force le respect. On se dit qu'il y avait là une immense connaissance du milieu qui s'est arrêtée définitivement dans les années 1970 avec la sédentarisation des derniers aborigènes nomades (*). Qu'en a t-on fait ? Le peuplement occidental est bien plus récent, à peine 200 ans d'histoire, très mouvementée. Le choc a été rude pour les uns et les autres. La domination s'est imposée par des moyens radicaux. Que reste t-il de la culture aborigène et de son rêve ? C'est un sujet qui m'interpelle. A suivre. (*) C'est en 1984 qu'a été découverte la dernière tribu aborigène.
Le climat. Il est particulièrement violent avec l'influence d'El Nino. Alternance de fortes chaleurs puis d'inondations sévères. Les vents peuvent attiser des feux sur de vastes étendues et l'eau emporter tout sur son passage. Jouer avec les saisons sera pour nous d'essayer d'être au dessus du Tropique du Capricorne jusqu'à octobre puis en dessous jusqu'à mai ou juin. La Tasmanie est à part, les meilleurs mois seraient de janvier à mars, mais la pluie, le neige et le soleil peuvent se succéder dans la même semaine. Quelques repères concernant l'histoire.
Représentation d'une expédition de naturalistes français venus en Australie après la Révolution Française. Les Portugais sont parmi les premiers à être venus explorer ce continent au 15è siècle, puis les Hollandais, les Français, les Anglais. L'établissement des Français sur la côte ouest a été balayé par la stratégie d'installation forcée menée par les Anglais qui ont expédié des contingents de soldats et de bagnards ("convicts") à partir de 1820. Période où les Aborigènes ont commencés à être décimés. Ils ne représentent plus que 1,6% de la population totale. La longue liste des vaisseaux qui se sont fracassés sur la côte ouest donne une idée des tentatives de colonisation. Je reviendrai plus en détail sur ces différents thémes.