Indonésie, 5000 km

Juin et juillet 2011 en Indonésie. Entrée à Medan, sur l'île de Sumatra puis Java, Bali, Gilli, Lombock, Sumbawa, Florès et le Timor indonésien. 5000 km intenses.




Contrastes : partout du monde, souvent souriant, parfois des coins tranquilles.

L'Indonésie, dernier pays visité en Asie du Sud-Est. 240 millions d'habitants. Comme la Constitution l'exige, chaque citoyen doit déclarer sa religion. Le dernier recensement de 2010 fait ainsi état de 87,2% de musulmans, 7% de protestants, 2,9% de catholiques et 1,7% autres cultes (hindouiste, bah'ai, juif, etc). C'est, statistiquement, le plus grand pays musulman, mais l'islam y est vécu de façon très différente selon les endroits du territoire et l'animisme est omniprésent. Diversité culturelle aussi avec 300 langues parlées. Surpopulation à Java avec 1000 personnes au km2 alors que la Papouasie en compte à peine 7 au km2. 17 à 20.000 îles, parfois hindouiste comme Bali, chrétienne comme Florès, difficile d'établir l'inventaire. Immense territoire aux routes défoncées. Des ferry relient les îles principales, leur fréquence diminue plus on s'éloigne de Java. Nous nous sommes sentis bien en Indonésie : gens accueillants, amicaux, curieux, aidant volontiers si besoin. Quelques clichés avant de découvrir les îles successives. Prenez le bus, des bus aux décors surprenants et gardez vos distances ! Hati Hati = danger.



Des publicités décalées, une photo officielle combien naturelle !


Tout se transporte. Vélo sur voiture, photo locale unique en son genre ici.




Sortie d'un site touristique, massage le parking entre les voitures.

Boulangerie hollandaise à Java, les affaires marchent bien.

Sites intéressants, volcans fascinants, comme ici au plateau Yjen, extraction du soufre.

Beaucoup de contrastes d'une île à l'autre. Mais il reste que la surpopulation, avec ce qu'elle entraîne (des gens partout, des motos par milliers, du bruit et encore du bruit, des routes tellement abîmées, etc,), ont accentué la fatigue. Nous n'avons qu'effleuré le pays : pas été à Bornéo, ni à Sulawesi, ni en Papouasie, etc... Il en reste pour plus tard ! Nous franchissons l'équateur une nouvelle fois par la route, à Bojol (Sumatra). Le GPS affiche 0000, il est 16h, ce sera un bivouac tranquille, comment dormir la tête au nord ?


Presque 5000 km parcourus. Entrés à Medan sur Sumatra, nous quittons le pays, sept îles plus tard au Timor. Envie de découvrir un peu de ce vaste archipel sans se limiter à Bali. Nous avions obtenu un visa de 60 jours. Pour avoir plus de temps, il aurait fallu, en fin d'échéance, laisser Pgaz dans un lieu sûr (à trouver) et quitter le territoire, vers Singapour par exemple. Au retour, nous aurions eu 30 jours. L'objectif d'entrer en Australie à Darwin, au bon moment, durant la saison sèche nous incitait à avancer. Finalement, nous avons quitté l'Indonésie par Florès un peu avant l'échéance. En effet le ferry à prendre est hebdomadaire et il nous a été impossible d'obtenir une information fiable avant d'être sur les lieux : de quel port et quel jour de semaine ? Il fallait donc conserver, au minimum, une semaine de battement pour éviter les problèmes de visa.

Au chapitre des rencontres, il y a, nombreuses, celles qui restent gravées, malgré le handicap de la langue. Quelques mots échangés, parfois seuls les yeux parlent. Un coup de main reçu dans une situation difficile. Le cadeau d'un large sourire. Un moment de jeux avec les enfants. Des "petits riens" avec le sentiment d'une vraie complicité. Peu de photos pour illustrer ces instants. Immense reconnaissance pour ces moments uniques partagés en cours de route. Inscrits, gravés.






Des rencontres rares, aux deux sens du terme : peu fréquent, exceptionnel. Alice et Gilles avec leurs enfants, Thésée, Clara et Maël. Quelle belle idée de fêter leur quarantaine en venant voyager dans le coin. Nous avions deux rencontres possibles : Bali en Indonésie ou Darwin en Australie. En effet, il nous est si difficile de savoir un an à l'avance où nous serons que le mieux était, pour eux, de préparer leur périple et, pour nous, de voir ce qui serait possible, un peu au dernier moment. Retrouvailles à Candidasa, à l'est de Bali puis un séjour ensemble aux îles Gilli. Nous partageons avec bonheur quelques jours "en famille". Mini album, en commençant par l'apéro.










Susi et Serge, un couple suisse, revenant d'Australie avec leur véhicule. Sommes à Medan, île de Sumatra. Ils embarquent leur Land Rover le jour où nous réceptionnons notre Pgaz. Belle rencontre et, vous l'imaginez facilement, quel échange d'expériences au moment où nos chemins se croisent.



Catherine, à Canggu près de Bali, tout un art de vivre. Antoine et Laurence, rencontrés en Argentine, nous mettent en contact avec Catherine qui réside à Bali une partie de l'année. Toujours un peu gênés de risquer gêner l'autre... nous venons pour une soirée. Quel accueil ! Nous nous sentirons si bien que nous reviendrons, dix jours plus tard, pour une autre soirée !



Pascal, le médecin de Sherbrook enfin libre de son temps. Profite bien de ton année de voyage ! Attendre le départ d'un bateau peut s'avérer aussi long que la traversée envisagée. Du coup, nous avons le temps de bavarder, d'étudier les itinéraires, peut-être même d'imaginer se re-croiser dans la prochaine île ! Pas de photo disponible.
Denis et Marie de Montpellier avec leurs deux filles Alizé et Théa : ils avaient croisé la famille Mayet, (voir leur site : laTortue Sélène), à Oman il y a deux ans, famille que nous avions rencontré en Argentine il y a quatre ans. Pas de photo.
Une famille de Toulouse, en sac à dos, Sylviane et Ulf avec leurs enfants : Léna, Iara et Laïs. Les filles auront optimisé la piscine de l'EcoLodge à Labuanbajo, port d'arrivée à Florès. Le temps est trop court pour se connaître mieux, à suivre.

Annabelle et Julien à Tuk Tuk, lac Toba sur Sumatra, engagés dans la biodiversité.


Pour en savoir plus : www.actions-biodiversité.org et www.actions-biodiversité.over-blog.com.
Change à la frontière du Timor, pas de calculette, c'est le douanier qui donne le taux.

Amateurs de Toyota, on trouve les modèles les plus... antiques, à noter le jerricane.







Chut, un secret d'Etat ? Il concerne DSK END, la fin de DSK ?

... Dominique Strauss Khan ? Mais ici, nous sommes à 10 km de DSK pour Detusoko et à 23 km de END pour Ende, la capitale provinciale de Florès. Humour de la route.

Sumatra, Hello Mister !


Afficher Indonésie sur une carte plus grande


Sumatra, la plus grande des îles de l'archipel, 475.000 km2 soit les 4/5è de la France ! Bandah Aceh, au nord, avait été dévasté par le tsunami du 26 décembre 2004, 170.000 morts, la reconstruction continue. Notre premier contact avec l'Indonésie est à Medan, côte est de Sumatra, nous arrivons de Malaisie. Chaque jour, nous recevons des "Hello Mister" amicaux. Souriants, spontanés les indonésiens sont curieux de notre véhicule, ils nous le font savoir avec de grands gestes. La découverte de ce nouveau pays est chaleureuse sur le plan humain, sportive sur le plan de la conduite (voir Sumatra on the road). Du monde partout. Les enfants sur la route, en uniforme, à toute heure. Les classes sont divisées en deux sessions pour accueillir le double d'enfants. Il nous semble qu'ils sont tout le temps dans la cour de récréation, sont-ils parfois assis devant l'instituteur ?




Cours de gymnastique à petite foulées, en ligne sur la route.



Jour de fête, la tente occupe la chaussée.

Maisonnette avenante, cabane en planche ou "fleur" des champs !





Les maison du sud ont un style différent : bois et tuiles, vitres et/ou rideaux.





Le futurisme urbain : habitat à l'étage, garage au rez-de-chaussée.

L'animation du marché, ici tout ce qui est à vendre est à terre.










Les Ecritures et le Drapeau, une procession avance, avec de nombreux enfants. Orchestre junior, coiffes décorées, parents très sérieux, à pied ou en moto.








L'Indonésie est le premier pays musulman de la terre et, surprise, voici que Sumatra nous offre une sorte de "guerre des religions". Certes il y a les nombreuses mosquées, parfois l'une collée sur l'autre, souvent on en construit de nouvelles. Le conducteur est prié de s'arrêter pour déposer son obole. Diversité et sur-enchères s'observent aussi du côté chrétien : églises catholiques ou protestantes aux sigles multiples : GBKP, HKBP, GKII, HKI, GSRI, GDI, etc. Aurions besoin d'un GPS évangélique !



Le château de Versailles ? Non, une mosquée Grand Siècle, toute neuve.





Après le culte, voici les cultures.

Sumatra est très agricole, maïs, riz, hévéas, légumes, etc. Forêts abondantes au nord, quelques unes sont protégées par le statut de Parc National. Engrais et pesticides à l'affiche, café en bord de route, cacao sur les troncs, papayes, etc.





Repiquage, récolte et séchage du riz (3 récoltes par an), du maïs.





Vieux hévéas, récolte des bulbes huileux des palmiers, bananiers.







Volcan Sinabung. Le vent joue, les fumées rejoignent les nuages.

Toba, grand lac volcanique, situé dans une caldeira, 1250 km2. Au centre une île, accessible à l'est par ferry, à l'ouest par un pont. La descente est magnifique.






Sur le ferry, le bémo de transport : neuf ou accidenté, ça roule !







L'eau, il faut aller la chercher ou l'acheter en bonbonne.


Au centre de l'île, Tuk Tuk, un village pittoresque.






Nous sommes chez les Bataks, chrétiens et animistes. Maisons traditionnelles.




Les maisons sont regroupées, face à face, à l'écart de la route. Base en coque de bateau aux flancs évasés, surmontée d'un toit original. Chaume, tôle ou tuile, les toits sont comme des draps suspendus entre deux crochets imaginaires. Façades sculptées, échelles d'accès, l'habitat batak est sur-élevé, il ne comporte qu'une seule pièce.







Tradition, modernisme et commerce.

Ici aussi on meurt ! Tombes typiques, modestes ou à étages, cimetières en bord de route, tombes en plein champs ou à côté de la maison.







Une cérémonie dédiée aux récoltes avec le taureau en bonne place. Dans ce lieu sont conservés d'anciens bâtiments bataks.





Sumatra, on the road


La conduite est sportive, l'état de la route déplorable pour une "hight way" traversant le pays du nord au sud : chaussées défoncées, trous par centaines, bords de route non stabilisés, virages à n'en plus finir... avec un trafic important de camions et de motos.




Les camions conduisent correctement, les bus sont plus agressifs et les motos sont comme autant de mouches virevoltant sans prévenir. On croise aussi des chars à boeufs, des tuk tuk à vélo, des vendeurs ambulants...






Il manque l'odeur... cet homme transporte des durians, fruits interdits dans les hôtels.

Il faut aussi parfois traverser des marchés qui débordent sur la chaussée.










Un matin, nous observons une puis plusieurs motos transportant des chiens, puis des camionnettes chargées de cages avec des chiens. Que se passe t-il ? Au fait, c'est aujourd'hui dimanche, jour des combats de chiens. Pas envie d'y aller, pas du tout.

Sumatra, nature


Au nord de Sumatra, dans une des dernières forêts abritant des orang-outangs, le parc Gunum Leuser a une station de recherche près de Ketambé, d'où on peut partir en forêt à la recherche de ces primates. Plus facile d'accès depuis Medan, Bukit Lawang, est un centre de réhabilitation qui assure leur nourriture quotidienne. Nous préférons aller explorer la forêt, 8 heures de marche les yeux fixés sur la cime des arbres, à guetter les mouvements des branches. Des arbres magnifiques, des lianes, des champignons, des papillons, des fruits bleu... mais un seul orang-outang, à l'heure de la sieste, en haut d'un arbre. Le plaisir de pouvoir l'observer à la jumelle : la tête rousse, les mains aux longs doigts noirs. Les coupes d'arbres dans le parc sont inquiétantes. Les animaux vont encore perdre du territoire. Petit souvenir au retour, des sangsues dans les chaussettes. Scoop publicitaire final !







Macaque de dos, orang-outang de loin dans les hauteurs, du flou hélas.


Du bon usage d'une publicité vue à Medan, Sumatra.

Sur la route, un cadavre de chat sauvage, dommage !

Ketambé, Cédric, un chercheur français travaille sur les stratégies de reproduction des macaques. Il suit depuis plusieurs années quatre groupes de macaques sur des espaces fluctuant au gré des conditions alimentaires. Mi avril, la station de recherche a été évacuée par l'armée, suite à un conflit entre les autorités provinciales et nationales sur le mode de gestion du parc. Cédric ne peut plus accéder à son territoire d'observation alors que la période de reproduction approche. Les aléas de la recherche n'ont parfois rien à voir avec elle proprement dit. Cédric nous signale qu'on rencontrera peut-être Julien et Annabelle au lac Toba car il leur a prêté sa moto.

Effectivement, nous nous retrouvons à une table voisine dans une zone wifi à Tuk Tuk ! Le lendemain, prenant le même , nous avons plus de temps pour découvrir leur passion et leur engagement. Actions Biodiversité : agir pour préserver la bio diversité. Ils terminent un voyage exploratoire en Asie inventoriant des actions significatives sur le sujet. Ils préparent un ouvrage. Pas froid aux yeux, engagés et pragmatiques, ils ont créé une structure leur permettant de se consacrer pleinement à leurs objectifs. Bravo, pour en savoir plus : www.actions-biodiversité.org et www.actions-biodiversité.over-blog.com.

Java, les volcans

Java, île combien volcanique, nous nous approchons de trois volcans en activité. Au nord de Bandoung, le Tangkuban Parahu culmine à 2000m. Il fait frais, nous dormons à l'entrée du Parc et serons les premiers au petit matin à rejoindre les bords du cratère. Une fumée blanche, odeur soufrée sort du fond du premier cratère. La balade permet d'accéder à une crête séparant les deux cratères. Contents de repartir au moment de l'arrivée des autocars !






Haut lieu : le Bromo, volcan en activité à l'est de Java.

Petit matin, paysage lunaire, le Bromo jaillit à 2400m dans un cratère gigantesque à côté du Kursi et du Batok, deux volcans éteints de taille similaire, au pied du Gunum Semeru, 3676m, le sommet le plus élevé d'Indonésie. Nous bivouaquons à 2770m, au dessus des nuages, au poste d'observation du Gunum Penjakan. Solitude et calme absolus, jusqu'à 4 heures du matin. Ce n'est pas le muezzin qui nous réveille mais une horde de motos et jeeps amenant les touristes pour le lever du soleil. Voici l'aube.


Le jour se lève, la brume arrive et les touristes vont repartir.


Nous goûtons les lieux avant de redescendre dans la plaine et d'admirer les cultures réalisées sur de fortes pentes. Choux, carottes, oignons, tout pousse en altitude et alimentera les grandes villes javanaises.




Bivouac tranquille, dans l'est de Java.


Grosse pluie soudaine, tout ruisselle. Surprise plus tard : l'arc de triomphe !


Un endroit impressionnant, le volcan du plateau Ygen, à l'est de Java.


Sylviane, rencontrée à Penang nous avait parlé de l'exploitation du soufre au plateau Yjen ainsi que du Kélimutu à Flores. Effectivement, Yjen est un monde à part. Extrémité est de Java, le plateau Yjen est dédié au café. Plantations immenses aux accès contrôlés, le café pointe ses fruits encore bien verts ces temps-ci.






La route d'accès est particulièrement sportive. Piste défoncée, serpentant en pleine forêt, pente escarpée. Nous montons par l'ouest et redescendrons par l'est, la pente nous semble encore plus forte. Bivouac tranquille au bord d'une cascade. Quel dommage que ces endroits de nature soient aussi négligés. Ici comme ailleurs, les gens jettent leurs détritus sans aucun respect de l'environnement, leur propre environnement.


Petit matin, passage au poste de contrôle, enregistrement et hop on part vers le cratère. Le chemin est large, à terre des poussières jaune vif puis des paniers déposés avec leur charge de soufre sur le bord du sentier. Peu à peu nous comprenons les choses. Les porteurs de soufre font le chemin avec deux charges, alternant le déplacement de l'une puis de l'autre, pour varier l'effort. Bien trop lourd !






L'accès au cratère prend deux heures, le point le plus élevé est à 2368m, le lac du cratère en contre-bas est à 2148m. C'est là le centre de l'activité.



Tout commence là, 220 mètres plus bas, près du lac. Le volcan crache des nuées de soufre en plaques que les hommes viennent tailler en morceaux avec une barre de fer. Ils rempliront leurs deux paniers d'une charge de 80 kg ou plus. Difficile de respirer.















Ils repartiront ainsi chargés, sur le sentier escarpé. Juste une bouteille d'eau, parfois torse nu ou en tongues, parfois la cigarette à la bouche, ils remontent, remontent, comme autant de fourmis vers le haut du cratère. L'odeur de soufre étouffe les poumons. Puis prennent le sentier descendant jusqu'au poste de contrôle.



Après la remontée du fond du cratère, voici la descente vers la pesée.




Ils sont deux cent par jour à effectuer un ou deux trajets selon leurs force et résistance. Sudan, l'un d'entre eux insiste pour nous montrer combien son dos est déformé par le joug de sa charge. Le va et vient est continu sur le sentier.

Ultime étape, le pesage avant dépôt dans le camion. Le comptable taquine le poids de la balance avec une baguette blanche. On chipotte pour quelques grammes, à la sueur du front de celui qui dépose sa charge sur la balance. Un kg de soufre leur sera payé 600 rupies, une charge de 80kg leur rapporte 48.000 rupies soit 6 USD ou 4 euros. Ceci s'appelle une "exploitation de soufre", elle porte bien son nom.



Tout le travail est individuel, de l'extraction au dépôt dans le camion. On ne sort pas indifférent de cet environnement dans lequel les hommes usent leur corps jusqu'au bout de leurs forces. Un endroit de plus qui interpelle la conscience de chacun. Ici, il ce sont des hommes, ailleurs il s'agira de femmes ou d'enfants.