En route vers Dili




Beaucoup d'enfants, ici les femmes en ont 8 en moyenne.


Indépendant depuis douze ans, le Timor Leste ne semble pas avoir encore "décollé" malgré la présence de l'ONU pour la sécurité et des ONG pour le développement. Des fonds importants sont disponibles mais trop peu de relais locaux fiables et peut être pas de volonté politique claire et déterminée vers un projet national mûrement élaboré. Ce sont les combattants, vainqueurs de la guerre d'indépendance qui sont au pouvoir. Mais les compétences utiles au développement d'un pays ne relèvent pas vraiment de l'art de la guerre.

En 2012, il y aura des élections. L'ONU devrait se retirer. Est ce que l'Armée et la Police coopéreront ? La guerre civile reprendra t-elle ?






Les premiers kilomètres longent la mer, la route alterne des tronçons corrects, d'autres effarants ainsi que des chantiers en cours, mais depuis combien de temps déjà ? Petits villages, clôtures végétales, maisonnettes aux toits de chaume ou en branches de palmiers. Les gens nous saluent volontiers. De quoi vivent ils ?





Bord de mer, l'eau salée est filtrée, recueillie et bouillie. L'évaporation accélérée produit le sel vendu sur la route, même procédé qu'au Timor indonésien, normal !

Dili, la capitale s'étend en bord de mer. Pas de bâtiments à étages, des églises, un Palais du Gouverneur tout blanc. Beaucoup d'ONG y ont leur bureau. Nous avons une seule préoccupation en tête : l'expédition de Pgaz en container pour Darwin Australie. Pas envie de visiter quoique ce soit. Chaque soir nous rentrons dormir dans un chalet de location en bout de plage. Epuisés par le nettoyage du véhicule en plein soleil et par les démarches administratives si déconcertantes, voir Shampoo Pgaz. Nous manquons le bateau du 30 juillet, à quelques heures près. Mauvaise information ? Mauvaise volonté ? Les deux sans doute. Leçon de patience et de détermination. Dili côté ville, urbanisme néo moderne, juste de l'autre côté du pont.





Omni présence de l'ONU, des véhicules onusiens partout.

Monnaie locale du Timor leste : le dollar US. Ce qui a causé une flambée des prix avec la forte présence internationale. Trois tarifs pour les trajets en taxi : court, moyen et long. Il suffit juste de se mettre d'accord avant de monter et surtout de connaître l'itinéraire, les chauffeurs savent tout juste passer les vitesses mais ne connaissent ni les noms des rues ni la localisation des entreprises ou des administrations. Dili côté plage, le soir en rentrant à pied, éreintés par nos travaux de nettoyage. Belle vue, décharges à ciel ouvert, cabanes et abris pour les animaux.










Nous passons une semaine dans un chalet en bord de mer. Préparation d'un petit cadeau d'adieux pour chacun des membres du personnel. Ils choisiront sur le plateau.




Danny Lee, patron du restaurant hôtel Ocean View nous raconte ses débuts au Timor Leste après le reférendum. La ville avait été incendiée. Aucun approvisionnement, il fallait ramener de Bali, seule destination desservie par avion, tout le nécessaire : alimentation, vêtements, chaussures, outils, machines... La traversée du pont d'accès à Dilli, passage obligé en venant de l'aéroport, tenu, d'un côté par les militaires et de l'autre par la police pouvait être mortelle selon les moments. L'eau était tirée d'un puit de fortune. Construire relevait d'une haute dose de diplomatie : graisser la patte aux uns et aux autres, accepter sur le chantier tous les hommes venus se présenter le matin. Sinon, gare aux vengeances. Les bâtiments ont vu le jour peu à peu. Voici 3 semaines la cuisine qu'il avait erigée en bord de mer, à côté de la terrasse autorisée par les autorités a été abattue au bulldozer. Le patron avait sans doute oublié de graisser la patte d'un intermédiaire dans le processus !

Derrière l'axe principal goudronné, les ruelles défoncées desservent de multiples habitations, des cabanes, des maisons plus modernes et des échoppes colorées.


"Be all you can be" : sois tout ce que tu peux être, avec quels moyens ?

4 août, je quitte Dili pour la France. Jacques reste sur place, le temps de se reposer et de rejoindre, mi août, Darwin où nous espérons retrouver Pgaz dans de bonnes conditions. Dernière image depuis l'aéroport, l'attente derrière les grilles.

Chronique de Jacques


DILLI - Timor Leste le 10 aout 2011, Jacques écrit :
Comme je passe 15 jours à Dili, la capitale du Timor Oriental, dans l'attente de la chaloupe qui doit amener notre cheval vers l'Australie (le bateau vient d'être retardé de 4 jours), et que j'ai du temps comme je n'en ai jamais eu, je me permets de vous écrire quelques lignes sur ce pays.  Élisabeth est entrée en France durant cette attente.

Timor oriental, Timor Leste, Timor Timur ou Timor Lorosa'é (qui signifient tout la même chose) est un pays de l'Asie (le 51è), dans la partie orientale de l'île de Timor, la partie occidentale appartenant à l'Indonésie.  Les langues officielles sont le Portugais et le Tetum et les langues de travail sont l'Anglais et l'Indonésien.  La population est à majorité catholique.  La capitale, Dili, avec environ 400,000 habitants possède le seul aéroport international du pays.  La population du pays est de 1,100,000 personnes avec un revenu moyen de $500 US par année pour les Timoriens et beaucoup plus pour les "expats' surtout australiens.  La monnaie du Timor Oriental est le US $;  Sa superficie est de 15,400 km carré, à peu près comme l'île de Vancouver au Canada.  C'est un pays montagneux avec un sommet de 2,963m (mont Tatamailau) et les routes sont dans un état lamentable (il faut mettre 4 heures pour faire 45 km).  40% des Timoriens vivent sous le seuil de la pauvreté, le chômage est endémique et l'agriculture représente 70% des revenus du pays.  L'industrie est presque inexistante si ce n'est l'industrie de service qui a pignon sur rue à Dili.

D'abord une colonie portugaise, le Timor oriental a obtenue son indépendance en 1976 pour être aussitôt envahie par l'Indonésie - durant l'occupation qui a duré 23 ans, la milice indonésienne s'est livrée à toute une série de massacres et de destruction des infrastructures (70%) - après le référendum de 1999 tenu sous l'égide des Nations Unies, le Timor Leste a voté pour son indépendance totale et est officiellement devenu pays en mai 2002.  Depuis ce temps, la force policière de l'ONU est omniprésente.  Le pays est donc en pleine reconstruction dans tous les domaines et l'espoir de meilleurs jours se pointe à l'horizon avec l'exploitation des réserves de pétrole découvertes il y a quelques années.

Comme nous n'avons fait que 125 km dans le pays, soit de la frontière avec l'Indonésie jusqu'à Dili, je n'ai que quelques photos bien moches à vous transmettre - sorry, mais ça donne quand même une petite idée

Un jeune, sur la plage à la frontière, qui s'amuse à faire du "houlahoup" avec un pneu de vélo

Une manière bien particulière à ramasser le sel de mer  - on fait bouillir l'eau pour une récolte plus rapide

Maisons traditionnelles avec toit de chaume et murs en bambous

La cathédrale de Dili et le Cristo sur un petit sommet non loin de la ville

Un téléphone de rue bien "moderne" à Dili, juste devant le nouveau centre des conférences (ancien marché reconverti)

La bouffe de rue à Dili et une petite idée de l'état des routes

Les véhicules de l'ONU sillonnent la ville sans arrêt (il y en a partout) - même loin de chez eux, la rivalité existe entre les Australiens et les Nouveaux-Zélandais quand il s'agit de rugby - ici dans un pub de Dili

Dilli vue de loin de l'endroit où j'ai habité (Ocean View Beach Hotel) et le petit phare de Dilli

Tous les soirs durant 15 jours, j'allais admirer le coucher de soleil et il y en avait de superbes.

Voilà, ce dernier courriel termine l'Asie et donne une mince idée du Timor Leste.  Le prochain courriel devrait, si tout va bien, vous parvenir d'Australie dans 2 ou 3 semaines.  D'ici là profitez bien de l'été qui perd graduellement ses forces.
Jacques.

Shampoo de Pgaz(*)

Le niveau d'exigence lié à l'importation d'un véhicule en Australie, est sans doute un des plus élevé de la planète. Un peu comme si votre véhicule devait entrer dans une salle d'opération chirurgicale ! Trois étapes à franchir : les services de douane, la quarantaine sanitaire et le contrôle technique du véhicule. Trois occasions, bien incontournables, de rencontrer du personnel allant du professionnel n'ayant pas perdu son bon sens à celui qui veut prouver sa toute puissance.

Nous connaissions les exigences : le véhicule doit être propre comme neuf. Ni aliments, ni graine, ni eau, ni traces de boue, d'insectes, de poussière ou de matières végétales (bois, paille, plumes, fibres, etc). Nous avions recueilli des informations auprès de voyageurs ayant préparé à fond leur véhicule et qui, pour la plupart d'entre eux, ont dû faire refaire tel ou tel nettoyage puis revenir passer de nouvelles inspections. Du temps, de l'argent et combien d'énergie, durant deux à trois semaines, parfois plus, avant de récupérer leur véhicule.

Nous étions motivés et déterminés à faire entrer Pgaz en Australie au mieux possible. Nous pensions que cela signifiait une forte implication personnelle pour faire par nous même le maximum et superviser, au plus près les nettoyages mécaniques hors de notre portée faute de connaissances ou d'outils adaptés : le moteur, les roues, les freins, le châssis, les sièges et la cabine avant, etc. Nous espérions trouver au Timor Leste, une entreprise d'expérience avec un équipement (jets haute pression, lift, produits de nettoyage, etc) ainsi qu'un savoir faire éprouvé (mécaniciens professionnels, contrôle du travail, etc). Part de rêve ! Les réalités ont été bien différentes. Pas de hangar ni de lift, peu d'outils, notre kit a été bien utilisé comme nos quelques produits de nettoyage. Travail en plein soleil à 40 degrés, sans compter sur le peu de bon sens naturel ou de méthode de base ! De la bonne volonté, certes, mais il a fallu une constante vigilance pour contrôler et faire refaire jusqu'à un résultat correct. Jacques supervisait à l'extérieur. Je travaillais sans relâche à l'intérieur avec chiffons, lingettes, cure-dents et piques à brochettes, brosses, détachants, etc. Chaque geste était dédié au résultat : "nous y arriverons du premier coup". Nous dégoulinions de sueur, Jacques avait le dos cassé et se mouvait avec difficulté tellement il souffrait. Le soir nous revenions éreintés à pied jusqu'à l'hôtel de bord de mer. Ces 2,5 km effectués matin et soir étaient notre seule balade ! Juste une transition entre le droit de s'allonger et l'obligation de se donner à fond tant physiquement que mentalement. Tension également du fait des échéances et des démarches administratives : arriver à savoir la date de départ du bateau, attendre le container d'une heure à l'autre, passer à la douane, etc.

Tout a commencé, pour nous, cinq mois auparavant. Impensable de se présenter avec des moustiquaires dont les bandes velco avaient fondu au soleil. Au Cambodge, à Phnom Penh, dans le garage de Finn, le norvégien aux multiples talents et au grand coeur, nous a mis à disposition une équipe de huit personnes. Deux par moustiquaires, une dehors et une dedans pour pousser les aiguilles au travers de la tenture matelassée et coudre de nouvelles fixations. Deux journées pleines et combien amicales ! La veille, nous avions enlevé, non sans peine, les traces de colle laissées par le velcro fondu.


Quelques éléments tirés de l'expérience vécue en juillet 2011 à Dilli dans l'entreprise de TROY Adams (Voir Liens).
On peut "prendre de l'avance" en éliminant les éléments "douteux" : nous avons remplacé les rangements en carton par des boîtes en plastique, fait la chasse aux souvenirs en bois, plume, pierre, rafia ou fibres, donné la nourriture de réserve. On peut aussi nettoyer en avance tous les joints de la porte du frigo, les brûleurs de la cuisinière, la cassette des toilette, les fauteuils pliants, les outils, etc. Autre anticipation : Jacques change toutes les serrures des placards qui avaient un peu rouillé durant la mousson indienne. Grand lavage des housses de coussins et de matelas. Nous essayons de préparer ce qui peut être fait à l'avance.

La suite est dans "la" liste, liste des nettoyages et ordonnancement de ceux-ci. En effet nettoyer au jet et sécher les casiers de rangement nécessite de pouvoir les vider, donc d'avoir de la place pour entreposer et trier les choses avant de les remettre en place.
Travailler par catégorie et moyens nécessaires : plus facile de nettoyer seul toutes les semelles des chaussures que les fenêtres qu'il faudra démonter (à deux) pour faire la chasse aux feuilles ou insectes glissés sous les joints, pour passer au jet les moustiquaires avant de remonter le tout.
Garder trace des étapes du nettoyage avec des photos prises au cours des travaux. Cela permet de constituer un press book à la disposition des inspecteurs australiens.
Pour la petite histoire, au dernier moment, Pgaz est dans le container, bien sanglé et la fumigation doit commencer. Je regarde notre véhicule une dernière fois et constate que le phare gauche n'a pas été nettoyé. Pour une première impression, le douanier verra un phare bien clair et l'autre opaque ! Je tente une ultime démarche avec mes piques à brochettes et mes lingettes, Jacques coupe court. La fumigation est allumée et le container est scellé. Trop tard.

Huile de coude et moral d'acier ! Self contrôle pour ne pas s'énerver et idée fixe sur le résultat visé pour ne pas relâcher l'effort, le sien et celui de l'équipe locale. Le mécano arrête son travail à cinq heures, le résultat visé ne fait pas partie de ses préoccupations.
Au final, il y a aussi le facteur chance : chance de tomber, pour les trois étapes à franchir, sur des inspecteurs "normaux".