01-Inspections australiennes
06/oct./2011
Le niveau d'exigence lié à l'importation d'un véhicule en Australie, est sans doute un des plus élevé de la planète. Un peu comme si votre véhicule devait entrer dans une salle d'opération chirurgicale ! Trois étapes à franchir : la douane, la quarantaine sanitaire et le contrôle technique du véhicule. Trois occasions, incontournables, de rencontrer du personnel allant du professionnel n'ayant pas perdu son bon sens à celui qui veut prouver sa toute puissance. Le 23 août 2011, Pgaz a réussi d'emblée les trois contrôles. Beau succès après tant d'efforts. En voici la petite histoire. Nous connaissions les exigences : le véhicule doit être propre comme neuf. Ni aliments, ni graine, ni eau, ni traces de boue, d'insectes, de poussière ou de matières végétales (bois, paille, plumes, fibres, etc). Nous avions recueilli des informations auprès de voyageurs ayant préparé à fond leur véhicule et qui, pour la plupart d'entre eux, ont dû faire refaire tel ou tel nettoyage puis revenir passer de nouvelles inspections. Du temps, de l'argent et combien d'énergie, durant deux à trois semaines, parfois plus, avant de récupérer leur véhicule.
Nous étions motivés et déterminés à faire entrer Pgaz en Australie au mieux possible. Nous pensions que cela signifiait une forte implication personnelle pour faire le maximum par nous même et superviser, au plus près, les nettoyages mécaniques hors de notre portée faute de connaissances et d'outils adaptés : le moteur, les roues, les freins, le châssis, les sièges et la cabine avant, etc. Nous espérions trouver au Timor Leste, une entreprise d'expérience avec un équipement adapté (jets haute pression, lift, produits de nettoyage, etc), ainsi qu'un savoir faire éprouvé (mécaniciens professionnels, contrôle du travail, etc). Part de rêve ! Les réalités ont été bien différentes. Pas de hangar ni de lift, peu d'outils, notre kit a été bien utilisé comme nos quelques produits de nettoyage. Tout s'est passé dans cette cour entre un générateur à réparer et une citerne en instance de lavage.
Travail en plein soleil à 40 degrés. De la bonne volonté, certes, mais il a fallu une constante vigilance pour contrôler et faire refaire jusqu'à un résultat correct. Jacques supervisait à l'extérieur. Démonter, nettoyer, sécher et remonter chaque élément.
Je travaillais sans relâche à l'intérieur avec chiffons, lingettes, cure-dents et piques à brochettes, brosses, détachants, etc. Chaque geste était dédié au résultat : "nous y arriverons du premier coup". Nous dégoulinions de sueur, Jacques avait le dos cassé et se mouvait avec difficulté tellement il souffrait. Le soir, totalement éreintés, nous revenions à pied jusqu'à l'hôtel de bord de mer. Ces 2,5 km effectués matin et soir étaient notre seule balade !
Juste une transition entre le droit de s'allonger et l'obligation de se donner à fond tant physiquement que mentalement. Tension également du fait des échéances et des démarches administratives : arriver à connaître la date de départ du bateau, attendre le container d'une heure à l'autre, trouver la douane, etc.
Tout avait commencé, pour nous, quatre mois auparavant. Impensable de se présenter avec des moustiquaires dont les bandes velco avaient fondu au soleil. Nous les changeons au Cambodge, à Phnom Penh, dans le garage de Finn, le norvégien aux multiples talents et au grand coeur. Finn met à disposition une équipe de huit personnes. Deux par moustiquaires, une dehors et une dedans pour pousser les aiguilles au travers de la tenture matelassée et coudre de nouvelles fixations. Deux journées pleines et combien amicales ! La veille, nous avions enlevé, non sans peine, les traces de colle laissées par le velcro fondu. Souvenirs du 25 mars, à Envotech, le garage bien équipé de Finn à Phnom Penh.
Quatre mois plus tard, fin juillet 2011, nous sommes à Dili (Timor Leste) dans l'entreprise de TROY Adams (Voir Liens). Troy espère aménager dans de nouveaux locaux professionnels mieux adaptés bientôt. Il vient inspecter les dessous de Pgaz, avant l'entrée dans le container.
Pour ceux qui sont confrontés à cette réalité, notre conseil est de tenter de "prendre de l'avance" en éliminant les éléments "douteux" : nous avions remplacé les rangements en carton par des boîtes en plastique, fait la chasse aux souvenirs en bois, plume, pierre, rafia ou fibres, donné la nourriture de réserve, etc. Il reste cependant encore trop à faire au dernier moment !
On peut aussi nettoyer en avance tous les joints de la porte du frigo, les brûleurs de la cuisinière, la literie et les matelas, les fauteuils pliants, les outils, les grilles d'aération, les spots et lampes, etc.
Inspection des charnières, avant et après.
Autre anticipation : Jacques change toutes les charnières des placards qui avaient rouillé durant la mousson indienne, une cinquantaine environ.
Grand lavage des housses de coussins et des matelas. Chance de trouver une machine à laver à Dilli. Nous essayons de préparer ce qui peut être fait à l'avance.
19 casiers (livres, tente, cartes et guides, réserves, outils, etc) à vider, brosser, sécher et replacer.
La suite est dans "la" liste, liste des nettoyages et ordonnancement de ceux-ci. En effet nettoyer au jet et sécher les casiers de rangement nécessite de pouvoir les vider, donc d'avoir de la place pour entreposer et trier les choses avant de les remettre en place.
Travailler par catégorie et moyens nécessaires : plus facile de nettoyer, seul, les semelles de toutes les chaussures que les fenêtres qu'il faudra démonter, à deux, pour éliminer les feuilles ou insectes glissés sous les joints, passer au jet les moustiquaires et occultants avant de remonter le tout. Look final, donner une première impression impeccable.
Conseil : garder trace des étapes du nettoyage avec des photos prises au cours des travaux. Cela permet de constituer un press book à la disposition des inspecteurs australiens. Dernière séquence : Pgaz entre dans le container lavé à grande eau. Derniers jets sur les roues avant la fumigation. Troy, le patron est là. Il effectue un des contrôles qui attendent Pgaz à Darwin : est ce que l'eau qui sort des traverses, sous le véhicule, est claire ou pas ? Un de ses ouvriers a passé une journée entière à laver au jet toutes ces traverses.
Petite histoire, au dernier moment, Pgaz est dans le container, bien sanglé, la fumigation va commencer. Ultime coup d'oeil sur notre véhicule, choc, je constate que le phare gauche n'a pas été nettoyé. Pour une première impression, le douanier verra un phare bien clair et l'autre opaque ! Je tente un nettoyage avec mes piques à brochettes et mes lingettes. Jacques coupe court. La fumigation est allumée et le container est scellé. Trop tard. Conclusion : huile de coude et moral d'acier ! Ne pas s'énerver et garder son idée fixée sur le résultat visé pour ne pas relâcher l'effort, le sien et celui de l'équipe locale. En effet, le mécano arrête son travail à cinq heures, le résultat visé (réussir les contrôles australiens) ne fait pas partie de ses préoccupations. Au final, il y a aussi sans doute, le facteur chance : chance de tomber sur des inspecteurs "normaux".