mai 2012
08-Histoire et histoires
23mai2012
Trois facettes de l'histoire australienne, au gré des observations des dernières semaines : une clôture, un village reconstitué, des fresques murales. Commençons par la clôture. Pour stopper le passage d'animaux indésirables, plusieurs clôtures ont été édifiées à travers le pays. Dans l'ouest, la "Rabbit Proof Fence", sur 1833 km visait à stopper l'invasion des lapins. Elle a été doublée d'une seconde clôture de 1164 km, sur une autre trajectoire Nord/Sud. Voici le début de la clôture, au Cape Keraudren, sud de Broome en pays Pilbara.
Cette clôture a connu son heure de "gloire" avec le récit de l'évasion, réussie, de trois fillettes dans les années trente. A cette époque, les enfants nés de mère aborigène et de père blanc étaient retirés de leur famille et envoyés dans des pensionnats spécialisés dans l'éducation estimée nécessaire par le Commissaire des Natifs, sorte de Bureau de gestion des Aborigènes : apprentissage imposé de l'anglais, du travail ménager ou agricole avant placement dans les fermes ou les villages demandeurs. On parlera de la "stolen generation", la génération volée. En 1931, Molly, Gracie et Daisy, trois fillettes de 15, 12 et 10 ans sont enlevées de leur communauté, les Jigalong à Moore Rive. Le père de deux des fillettes travaillait sur la Rabbit Proof Fence. Elles sont acheminées par train, bus et bateau à Perth. Dès leur arrivée au "pensionnat", l'aînée décide de fuir. Son idée est de retrouver la clôture, de la suivre et de rejoindre ainsi sa famille. Elles marcheront 1200 km en se cachant, obtenant par-ci par-là de la nourriture, des vêtements, des allumettes… Mais leur signalement est donné, il faut ruser, se cacher le jour, marcher la nuit. Elles réussiront à rejoindre leur communauté. Leur aventure exceptionnelle a fait l'objet d'un récit puis d'un film, The Rabbit Fence Proof. Voici l'autre clôture.
Dans l'est, nous croisons la "Dingo Barrier Fence". Elle vise à stopper le passage des dingos, sorte de coyotes, venus d'Indonésie autrefois. Nous n'avons pas encore vus de dingos vivants, seulement deux cadavres sur la route, mais nous les avons entendus hurler de nuit, impressionnant. Photo de cette belle bête prise à partir d'une carte postale. Quelques semaines plus tard, tout au nord du Queensland, vers le golfe de Carpentaria, un dingo surgit sur la route et plonge dans le fossé. Ces deux photos ne sont pas excellentes mais donnent une idée. Nous étions tout contents !
Conçue en 1948, pour protéger les troupeaux des dingos et des chiens sauvages. C'est la plus longue clôture au monde, environ 5300 km. Elle forme un arc de cercle depuis le Nullarbor jusqu'à Brisbane et traverse plusieurs Etats. En 1982, la décision de la rénover à été prise. Elle est entretenue à nouveau et fait l'objet de poursuites à quiconque l'endommagerait. 500 dollars d'amende si la porte n'est pas refermée… Ailleurs dans le monde, ce sont des murs qui sont élevés contre le passage des… humains et des balles tirées pour les abattre.
Village reconstitué, en plein Queensland rural, Miles offre une visite intéressante. Un aperçu du quotidien au siècle passé, tel que les familles immigrantes l'avaient constitué. Mélange de dentelles surannées et d'équipements "modernes". Visite du village de Miles, desservi par le train.
L'école et les jouets... pour "après"
Intérieurs décorés au papier journal, juste au dessus de la cheminée !!!
Le fauteuil du barbier nettement plus confortable que ceux des dentistes… arracheurs de dents ?
L'épicerie, la pharmacie et les livres de comptes de la Banque… qui n'omet pas ses intérêts.
Un petit tour à l'hôpital,
Le boulanger, un engin agricole en bon état, au second plan la carriole du boulanger
Et nos fameuses communications : aujourd'hui, le téléphone réunit les gens de toutes les Nations.
Armoires à fromage, avant les glacières et machine à coudre au design épuré… les Temps Modernes.
Bowen, au sud de Cairns. Ses fresques retiennent le visiteur… une autre façon de célébrer l'histoire locale : Bowen en fanfare, les récoltes, l'exploitation du sel, l'imprimerie, les transports, etc.
Les productions locales : fromage de chèvre, fruits, l'extraction du sel
La presse locale et les imprimeurs
Les transports
Cette clôture a connu son heure de "gloire" avec le récit de l'évasion, réussie, de trois fillettes dans les années trente. A cette époque, les enfants nés de mère aborigène et de père blanc étaient retirés de leur famille et envoyés dans des pensionnats spécialisés dans l'éducation estimée nécessaire par le Commissaire des Natifs, sorte de Bureau de gestion des Aborigènes : apprentissage imposé de l'anglais, du travail ménager ou agricole avant placement dans les fermes ou les villages demandeurs. On parlera de la "stolen generation", la génération volée. En 1931, Molly, Gracie et Daisy, trois fillettes de 15, 12 et 10 ans sont enlevées de leur communauté, les Jigalong à Moore Rive. Le père de deux des fillettes travaillait sur la Rabbit Proof Fence. Elles sont acheminées par train, bus et bateau à Perth. Dès leur arrivée au "pensionnat", l'aînée décide de fuir. Son idée est de retrouver la clôture, de la suivre et de rejoindre ainsi sa famille. Elles marcheront 1200 km en se cachant, obtenant par-ci par-là de la nourriture, des vêtements, des allumettes… Mais leur signalement est donné, il faut ruser, se cacher le jour, marcher la nuit. Elles réussiront à rejoindre leur communauté. Leur aventure exceptionnelle a fait l'objet d'un récit puis d'un film, The Rabbit Fence Proof. Voici l'autre clôture.
Dans l'est, nous croisons la "Dingo Barrier Fence". Elle vise à stopper le passage des dingos, sorte de coyotes, venus d'Indonésie autrefois. Nous n'avons pas encore vus de dingos vivants, seulement deux cadavres sur la route, mais nous les avons entendus hurler de nuit, impressionnant. Photo de cette belle bête prise à partir d'une carte postale. Quelques semaines plus tard, tout au nord du Queensland, vers le golfe de Carpentaria, un dingo surgit sur la route et plonge dans le fossé. Ces deux photos ne sont pas excellentes mais donnent une idée. Nous étions tout contents !
Conçue en 1948, pour protéger les troupeaux des dingos et des chiens sauvages. C'est la plus longue clôture au monde, environ 5300 km. Elle forme un arc de cercle depuis le Nullarbor jusqu'à Brisbane et traverse plusieurs Etats. En 1982, la décision de la rénover à été prise. Elle est entretenue à nouveau et fait l'objet de poursuites à quiconque l'endommagerait. 500 dollars d'amende si la porte n'est pas refermée… Ailleurs dans le monde, ce sont des murs qui sont élevés contre le passage des… humains et des balles tirées pour les abattre.
Village reconstitué, en plein Queensland rural, Miles offre une visite intéressante. Un aperçu du quotidien au siècle passé, tel que les familles immigrantes l'avaient constitué. Mélange de dentelles surannées et d'équipements "modernes". Visite du village de Miles, desservi par le train.
L'école et les jouets... pour "après"
Intérieurs décorés au papier journal, juste au dessus de la cheminée !!!
Le fauteuil du barbier nettement plus confortable que ceux des dentistes… arracheurs de dents ?
L'épicerie, la pharmacie et les livres de comptes de la Banque… qui n'omet pas ses intérêts.
Un petit tour à l'hôpital,
Le boulanger, un engin agricole en bon état, au second plan la carriole du boulanger
Et nos fameuses communications : aujourd'hui, le téléphone réunit les gens de toutes les Nations.
Armoires à fromage, avant les glacières et machine à coudre au design épuré… les Temps Modernes.
Bowen, au sud de Cairns. Ses fresques retiennent le visiteur… une autre façon de célébrer l'histoire locale : Bowen en fanfare, les récoltes, l'exploitation du sel, l'imprimerie, les transports, etc.
Les productions locales : fromage de chèvre, fruits, l'extraction du sel
La presse locale et les imprimeurs
Les transports
07-Canne à sucre et Kanakas
21mai2012
Premier producteur mondial de canne à sucre, le Queensland étale ses champs à perte de vue. La récolte prend de 9 à 15 mois. Sommes en inter saison, on observe seulement quelques coupes et quelques re-plantations. L'activité battra son plein en Juillet : les machines tourneront 24h sur 24h. Tout est mécanisé. La même machine élimine les feuilles supérieures, tranche la tige à 30 cm du sol et déverse la récolte dans des wagonnets. Un réseau de voies ferrées dédiées à la canne à sucre achemine les coupes vers les raffineries.
Les voies se coupent parfois à angle droit, les wagonnets sont prêts pour le mois prochain.
La canne exige beaucoup d'eau, voici les pompes de long de la route.
La route, la voie ferrée, les champs… ici les jeunes pousses : on plante un bout de canne de 30 cm.
La coupe commence dans le nord du Queensland début juin.
La production est familiale. Un grand domaine va jusqu'à 1000 hectares. L'habitat est dispersé entre les champs de canne et les villages. La fleur a une délicate couleur rose difficile à rendre.
La couleur oscille entre le gris et le rose, parfois les reflets sont nacrés.
Le sucre sera exporté, brut, par bateaux ou transformé en éthanol. Les bateaux sont chargés au départ de plusieurs ports dont Mackey. Cela nous change des exploitations de canne à sucre vues en Asie, bien souvent encore effectuées à la machette, en pleine chaleur humide, les pieds (parfois) protégés de bottes.
Question : quelle tête ferait un travailleur agricole habitué aux gros travaux physiques s'il arrivait ici dans ces exploitations désertes, où seuls règnent les conducteurs d'engins, en hauteur dans leurs cabines climatisées, surveillant la trajectoire de la machine et le bon remplissage des bennes d'évacuation. Je réduis quelque peu la compétence des conducteurs d'engins, mais l'écart est tel entre le travail manuel, encore pratiqué ailleurs et la mécanisation top niveau australien… Transition vers les "Kanakas", ces hommes et ces femmes liés à l'essor de la culture de la canne à sucre du Queensland. "Refined White", essai de traduction : "raffinage blanc" comme la blancheur du sucre raffiné ?
L'histoire de cette réussite a coûté bien des vies à partir de1860 jusqu'en 1904. Faute de prisonniers affectés aux travaux agricoles, les arrivées de "convicts" irlandais ou britanniques ayant été suspendues, les autorités sont allées "recruter" plus près, dans les îles. Les "Kanakas" étaient les quasi esclaves embarqués sur les îles du sud Pacifique ou de Mélanésie pour venir travailler dans les plantations du Queensland. Ils seraient 62.500 hommes et femmes à avoir été ainsi "blackbirded", "déplacés" pour des périodes de 3 ans stipulées sur un "contrat écrit" dont ils ne savaient pas même lire les termes. Payés quelques semaines, déplacés enchaînés d'une plantation à une autre, ils "avaient droit" à une ration définie par décret impérial.
Pas de chance d'embauche pour un travailleur blanc, on ne veut que des Kanakas
Cette partie peu glorieuse de l'histoire australienne est décrite comme étant plus inhumaine que le traitement des prisonniers. Les ravages de la maladie, des accidents, de la mal nutrition ont laissé bien peu de survivants qui n'avaient aucune possibilité d'immigrer. La richesse se construit trop souvent sur une exploitation sauvage et/ou inhumaine que l'on finit par l'oublier. Les plus démunis n'étant plus là pour témoigner, le Musée de la canne à sucre, au sud d'Innisfail a l'honnêteté de montrer les aspects humains de l'histoire agricole à côté des engins Fordson Tractor (made in Canada) ou des premiers tracteurs Massey Fergusson.
Côté élevage, les bovins dominent dans le centre ouest du Queensland. Certaines espèces sont importées d'Asie comme ces boeufs à bosse qui résistent bien au climat chaud et humide.
Les transports de bestiaux laissent leur traînée odorante après le croisement de ces "road trains" aux trois remorques à étages. Il faut se partager la route avec ces camions. Panneaux explicites.
06-Platypus et python brun
17mai2012
L'Australie est fière de ses rares platypus : animal amphibie tenant du canard par le bec, du reptile par son squelette et du mammifère par son système de reproduction. Il fait partie des monotrèmes, branche des mammifères car pondant des oeufs il allaite ses petits au travers d'une membrane. Il vit en rivière la moitié du temps et dort au sec dans un terrier. Lors de la mise au monde, la mère creuse le terrier plus profondément, jusqu'à 20 mètres. On peut l'observer le matin et le soir dans certains rares endroits en Tasmanie ou dans le Queensland. Au Parc national d'Eungella, nous avons scruté les eaux troubles de la rivière…avec succès ! Voilà ce que nous cherchions :
La surface de l'eau frémit… une silhouette s'agite, il a entre 50 et 60 cm de long.
Les yeux s'habituent à repérer la tête au long et large bec et la queue en ogive aplatie.
Entier et bien plus net, entre deux plongeons vifs et rapprochés, merci le platypus !
Des pattes en forme de palmes aux doigts crochus. Ci dessous, autre vue arrière.
L'ornithorhynchidae platypus est parti… restent les frémissements de la surface.
Ces moments d'observation nous enchantent tout particulièrement, voir en nature des animaux s'ébattre et vivre leurs affaires sans que nous les dérangions est un vif plaisir. Avant de voir les platypus, une vingtaine de tortues d'eau nous ont offert leurs ballets lents et détendus, tout le contraire du platypus, si vif dans ses plongeons et remontées pour avaler une goulée d'air toutes les minutes. En situation de défense, il peut rester 10 minutes sous l'eau.
Dans la même gamme de couleur, le brun, nous avons pu observer, vivants, deux pythons brun. Le premier, repu, était lové en bordure de chemin, au pied d'une pancarte de sentier mentionnant le "Python Rock Lookout". Sa silhouette difforme signalait l'absorption toute récente d'un rongeur d'une vingtaine de cm. Un cadavre de ce type de rongeur peut donner une idée du menu du python, (nature sensible s'abstenir) :
Le lendemain, nous revenons le voir, il s'est déplacé d'un mètre, sous le feuillage.
La pancarte qui tient ses promesses… mais on regarde où on pose le pied !
Deux semaines plus tard, sur une piste, un autre python lève la tête et sort sa langue fourchue. Il est vivant mais ne fuit pas. Est-il blessé ? Nous ne le saurons pas.
05-Mines : charbon, bauxite, saphirs
17mai2012
Le centre du Queensland a de nombreuses ressources minières, essentiellement de charbon. Exploitations à ciel ouvert, on les devine parfois au longs convois de wagons que l'on peut compter au passage à niveau : 2 locomotives en tête, puis 60 wagons, une locomotive intermédiaire et les 60 autres wagons.
Ailleurs ce sont des wagonnets automatiques circulant sous un long abri métallique, comme un serpent qui brillerait au soleil. Ou bien, la route longe une "décharge". C'est une silhouette bien géométrique qui se dresse en guise de "montagne" pas encore rendue à la mère nature.
Les engins sont énormes. On les croise parfois en convois exceptionnels, à charge pour les plus petits de rejoindre le fossé préventivement ! La majeure partie du charbon est exportée vers la Chine (premier pays émetteur de dioxyde de carbone), au départ de ports spécialisés. Les 120 wagons de 9,6 tonnes chacun, sont déchargés en 2h20 minutes soit directement dans les soutes des bateaux à quai soit sur une aire de transit. Pour limiter la poussière le stockage ne dépasse pas 13 mètres de haut. Les temps de chargement sont impressionnants : 5 à 7,800 tonnes à l'heure selon le procédé. Le quai mesure 1,6 km et peut accueillir simultanément 5 bateaux. Ils transporteront de 80 à 220.000 tonnes de minerai. Ces chiffres m'ont impressionnée. Efficacité et gigantisme australiens. Après le charbon, voici la bauxite à Weipa, dans la péninsule nord de l'Australie, toujours dans le Queensland. Voici les statistiques des accidents du travail.
Ressource économique majeure : la bauxite à Weipa. 4000 km2, la plus grande mine de bauxite au monde, 40 ans des réserves productives. Nous allons vers Alngith.
La bauxite, une histoire de "pisolite", ce gravillon rouge entrant dans la fabrication de l'alumiun.
Exploitation de surface, la bauxite est accessible juste sous la couche de terre arable, donc pas de grand trou mais une série d'engins de chantier pour racler la surface, extraire la couche minérale et refermer la zone ainsi "scalpée" avec la terre végétale initiale. Mais combien d'années pour que tout repousse et que les animaux reviennent ?? Entrée de la zone minière, consignes de sécurité…
Équipes en résidence à Weipa, pas de personnel en alternance. Les femmes sont nombreuses dans la conduite des engins de chantier pour la collecte de la terre et son redéploiement. 900 personnes dont 130 aborigènes.
Trois types d'engins : bulldozer, transporteurs à bascule et collecteurs de minerai. Chaque 12h les engins passent au garage pour dépoussiérage, graissages et nettoyages divers.
La visite de la mine est un ballet d'engins dans une poussière rouge ! Interdiction de mettre le pied à terre, les engins sont si hauts que le conducteur ne peut pas voir un minuscule piéton. Si le conducteur doit sortir de sa cabine, il reste sur les passerelles. Mécanisation à 100%.
Zone naturelle à gauche, exploitation à droite, au centre le passage des engins.
Entrée dans une zone de travail : remplissage, évacuation, remise en terre arable.
La terre reprend son rythme et la bauxite est acheminée au port.
La bauxite sera lavée puis chargée en cargos par deux longs couloirs se déversant dans les soutes. Une large partie est expédiée en Chine. Lavage et chargement.
Deux photos uniques dans des genres différents : la plus longue voie unique de l'hémisphère sud et… les seuls feux de croisement de la Péninsule, à Weipa. Ils laissent le passage aux engins de la mine.
Humour de la route, voici 3 panneaux à observer attentivement, quelle est votre conclusion ? Quelle est la logique ?
Y a t-il un lien entre la direction de la locomotive et la flèche la signalant ? Puis, une autre surprise :
que vient faire cet objet unique en son genre, où est l'astuce ? Le jeu des différences !
Lorsque les kilomètres défilent, que la monotonie s'installe, LE détail va nous enchanter. Nous avons cherché, en vain une autre locomotive à 3 roues. Photo de mauvaise qualité mais moment si amusant !Quelques jours plus tard, SURPRISE majeure, voici (enfin) un autre panneau de locomotive à 3 grosses roues.
Coup de freins, demi tour et nous honorons ce panneau d'une photo, sous le regard ahuri de quatre gars qui vont se retourner pour nous observer. Photos et fou-rire, mais un double défi de surcroît : une locomotive avec trois grosses roues et fumée partant dans le sens opposé !!!
Dans une toute autre dimension, "small is beautiful", le Queensland a des ressources minières en pierres précieuses. Les villages environnant cette zone s'appellent : Emeraude, Saphir, Rubis, etc. Nous avons envie d'aller voir de plus près, non pas les exploitations mécanisées mais le secteur coopératif réservé aux concessions individuelles. Nous rencontrons Keith, vingt ans de métier, au petit matin et le suivons. Il vit de l'extraction de pierres précieuses. Son frère les taille. À 20 km de Sapphyre, il exploite quelques acres. Il accueille parfois des touristes qui vont travailler en même temps que lui. Voici son terrain.
Les consignes : creuser en éliminant la couche supérieure (environ 8o cm), récolter la terre, la passer dans un premier tamis grillagé, déposer le résidu dans une grille plus fine qui sera longuement brassée dans l'eau. Puis c'est le suspens : on retourne d'un geste vif le contenu sur une toile.
Y a t-il quelque chose de brillant ???? Les pierres convergent vers le centre avec le geste du tamisage sous l'eau. Bonne pioche ! dès le premier passage nous trouvons une jolie pierre verte. Une autre prise significative nous réjouira, ainsi que de petits éclats bleus et noirs. Nous travaillons assidument ! Lui aussi. L'an passé il a trouvé une grosse pierre, de celles qui arrivent tous les 10 ans nous dit-il. Il estime notre récolte du jour à 200 dollars. Nous lui demandons de tailler la plus grosse. Elle nous sera envoyée dans quelques semaines. Belle journée de patience, d'espoir. Dur métier ! En se quittant, Keith nous offre un sac de pierres à trier. Chose faite sur une surface plane. Nous récolterons quelques petites pierres supplémentaires.
Remises en vrac dans le sac, ce sera, pour plus tard à la maison, un jeu pour les retrouver.
04-"Rodéo" à Cappella
16mai2012
Traversant une vaste région minière (charbon), nous remarquons la présence de nombreux chevaux. Souvent ils sont couverts contre les fraîcheurs de l'automne. Pourquoi tant de petits soins ? Nous comprenons les enjeux le lendemain à Cappella. C'est un samedi matin, soudain dans un des villages traversés en direction de Clermont, voici un grand rassemblement de chevaux. S'agit il d'une course ? d'une vente ? d'un concours ?
Nous allons aux nouvelles et un cowboy participant aux épreuves va nous permettre de comprendre la compétition du "camp draft", comment décrire cette pratique exclusivement australienne ?
Entre le corral (avec le troupeau) et le stade, une barrière ; dans la tourelle, le jury.
Les concurrents attendent.
Il s'agit, pour un cow boy à cheval de venir choisir une tête de bétail dans un corral, de la faire sortir de l'enclos et de lui faire suivre, sur un stade, un parcours précis, soit une sorte de 8, autour de 4 poteaux. Le vertueux cowboy peut être rapidement éliminé s'il n'arrive pas à isoler la bête qu'il a sélectionnée et la faire sortir directement du corral. La difficulté à cette étape est de séparer la bête du troupeau qu'elle a tendance à rejoindre coûte que coûte. Second risque d'élimination à l'entrée dans le stade : si la bête part dans la mauvaise direction et dépasse le premier poteau à gauche, c'est l'élimination. Notre valeureux cowboy doit donc courser la bête au plus près, sans lasso ni fouet, juste maîtriser la trajectoire du cheval pour contraindre le bovin à suivre le "bon" chemin. Pas facile ! Le jury veille dans la tourelle.
400 têtes de bétail sont rassemblées pour la compétition. Elles sont lâchées dans le corral par groupe de 15.
Derrière le stade, toute l'opulence équestre se déploie : camions de transports gigantesques, clôtures électriques au solaire, balles de foins, seaux d'eau colorés, chapeaux rutilants, couvertures chevalines…
Les cavaliers peuvent tenter leur chance deux journées de suite. 200 concurrents pour le premier jour. La finale retiendra une trentaine de concurrents. Un des champions nationaux a été éliminé dès le corral. Pas facile de garder son crédit de 100 points jusqu'au bout de la séquence. L'homme qui nous explique les choses, vient de réussir la première sélection. Il a obtenu 96 points sur 100. Il est venu avec 2 chevaux. Un cheval coûte de 30 à 40.000 dollars. Et les gars d'ici rêvent d'aller à Calgary (ouest canadien) pour assister au plus grand rodéo mondial. L'an passé une démonstration de ce "camp draft" a été donnée sur place par les Australiens. A l'attention de Clara, regarde la tenue des rênes dans une seule main : deux cordes croisées sur le cou du cheval.
Nous avons bien aimé cette étape imprévue au pays des cowboys. Les femmes participent aussi à la course. Pour réussir, d'après notre mentor, il faut passer ses journées à cheval avec le bétail, sans avoir la tête dans le seau !
03-Brisbane et plus
08mai2012
Les belles rencontres de Brisbane… Ben ! Rencontré il y a 8 mois dans l'avion entre Dubaï et Paris, nous retrouvons ce géant australien, fin gourmet et connaisseur de la France. Il travaille dans la construction et prépare un départ en Amérique du Sud. Le voyage le passionne. Il a séjourné dans les Alpes et travaillé comme cuisinier à Chamonix. Dans la conversation, nous apprennons qu'il a aussi donné un coup de main à un ami restaurateur en Suisse : "Ah, bon, où ça ? Oh, vers Villard ! Mais on connaît, nous aussi, un petit bled à côté de Villard, cela s'appelle Barboleuze"… Ben éclate de rire. Il nous explique que le restaurant de son ami est juste après le parking, au delà du télésiège, le nom du restaurant est : Cookies. Une fois de plus nous nous amusons de ce que le monde est vaste et si proche… comme deux sièges d'avion attribués au tout venant. Le lendemain de cette belle soirée avec lui, nous le retrouvons avec Tammy, une amie néo- zélandaise. Ce sera la soirée "french cuisine".
Quelques jours plus tard, à Sarina, nous faisons la connaissance des parents de Ben. Véronica et Brian nous accueillent et ce sont de bons échanges sur le balcon puis autour d'un délicieux souper. Ils ont été en Europe souvent. Leur fille Louise est mariée à Berlin. Véronica est allée rechercher les traces de ses ancêtres en Irlande. La maison est au milieu des champs de canne à sucre. Dans deux mois la coupe se fera 24h sur 24h. Brian a bâti une forge. La retraite sera fort occupée !
Les Girls et les Boys, on aura beaucoup de plaisir à se revoir !
C'est Bon, la french cuisine à Brisbane ! C'est même délicieux. Céline, 32 ans mène son équipe avec énergie, finesse et intelligence. De cette belle intelligence qui n'oublie pas le coeur derrière une organisation impeccable et une qualité superbe. Michel Bonnet est un chef français qui aide de jeunes équipes à se lancer sous sa bannière "C'est bon". Sydney, Brisbane et Cairns, déjà trois enseignes. Merci à l'équipe et aux chefs… nous nous sommes régalés ! Et un immense bravo à Céline pour cette belle réussite à 32 ans. Coup de chapeau à la dijonnaise qui est bien entourée de compatriotes des Vosges et d'Alsace mais aussi d'Australiens et d'un Népalais…
02-Art Aborigène
04mai2012
Régal pour les yeux ? Leçon de pointillisme ? Quête de sens pour chercher le 53è puits ou repérer les traces du wallaby ? L'art aborigène, pour de grands débutants comme nous le sommes, offre une occasion d'évasion unique. Chaque artiste a sa façon de s'exprimer. L'un reste dans une palette de couleur restreinte. L'autre n'utilise que les lignes constituées de petits points comme des lignes de broderie. Le troisième illustre son propos d'animaux stylisés ou jaillissant d'un fond apparemment géométrique. Entre le premier coup d'oeil et l'examen plus approfondi, l'étonnement est garanti. Il y a vraiment deux étapes. Certaines réalisations ont un fort pouvoir attractif. Epure colorée, grands jambages sinueux, scènettes du bush, compositions symétriques ou irrégulières, les artistes offrent un choix fantastique de possibilités. Voici quelques unes de ces "rencontres" au Musée National Australien de Sydney. Une exposition sur la Canning Stock Road, nous intéresse particulièrement (*). Cette piste emblématique du Centre australien a été ouverte au début du siècle par Mr Canning qui voulait acheminer ses 600 vaches vers Perth, au départ de Darwin. 6 mois de transhumance contraignant par la force les aborigènes à révéler la localisation des 53 puits d'eau, indispensables à cette équipée. Trajet. Les hommes enchaînés.
Une initiative de l'État, voici une quinzaine d'année a visé à refaire le trajet en prenant le temps de faire étape dans les territoires aborigènes successifs. Ecouter les anciens, recueillir leurs témoignages, apporter du matériel pour peindre et ainsi garder trace de la culture aborigène, … Quelques unes de ces toiles sont exposées en ce moment à Sydney. Il existe également des ouvrages sur la "Canning Stock Road" (la route du bétail, ouverte par Mr Canning). Coup d'oeil. Portraits des artistes, femmes et hommes pas tout jeunes.
Fascinante, cette représentation des 53 puits (wells). L'interview de l'artiste fait le lien entre chacun des puits, il décrit précisément le contexte… sur la toile, un carré. Indispensable lien entre oral et le visuel.
Centre du monde, face à face, totem,…
Cartographie limpide pour les uns, imaginaire pour les autres.
Effets spéciaux…
(*) En effet nous envisageons de suivre cette piste dans un ou deux mois, au moins sur la première moitié, pour rejoindre ensuite Alice Spring.