Java, les volcans

Java, île combien volcanique, nous nous approchons de trois volcans en activité. Au nord de Bandoung, le Tangkuban Parahu culmine à 2000m. Il fait frais, nous dormons à l'entrée du Parc et serons les premiers au petit matin à rejoindre les bords du cratère. Une fumée blanche, odeur soufrée sort du fond du premier cratère. La balade permet d'accéder à une crête séparant les deux cratères. Contents de repartir au moment de l'arrivée des autocars !






Haut lieu : le Bromo, volcan en activité à l'est de Java.

Petit matin, paysage lunaire, le Bromo jaillit à 2400m dans un cratère gigantesque à côté du Kursi et du Batok, deux volcans éteints de taille similaire, au pied du Gunum Semeru, 3676m, le sommet le plus élevé d'Indonésie. Nous bivouaquons à 2770m, au dessus des nuages, au poste d'observation du Gunum Penjakan. Solitude et calme absolus, jusqu'à 4 heures du matin. Ce n'est pas le muezzin qui nous réveille mais une horde de motos et jeeps amenant les touristes pour le lever du soleil. Voici l'aube.


Le jour se lève, la brume arrive et les touristes vont repartir.


Nous goûtons les lieux avant de redescendre dans la plaine et d'admirer les cultures réalisées sur de fortes pentes. Choux, carottes, oignons, tout pousse en altitude et alimentera les grandes villes javanaises.




Bivouac tranquille, dans l'est de Java.


Grosse pluie soudaine, tout ruisselle. Surprise plus tard : l'arc de triomphe !


Un endroit impressionnant, le volcan du plateau Ygen, à l'est de Java.


Sylviane, rencontrée à Penang nous avait parlé de l'exploitation du soufre au plateau Yjen ainsi que du Kélimutu à Flores. Effectivement, Yjen est un monde à part. Extrémité est de Java, le plateau Yjen est dédié au café. Plantations immenses aux accès contrôlés, le café pointe ses fruits encore bien verts ces temps-ci.






La route d'accès est particulièrement sportive. Piste défoncée, serpentant en pleine forêt, pente escarpée. Nous montons par l'ouest et redescendrons par l'est, la pente nous semble encore plus forte. Bivouac tranquille au bord d'une cascade. Quel dommage que ces endroits de nature soient aussi négligés. Ici comme ailleurs, les gens jettent leurs détritus sans aucun respect de l'environnement, leur propre environnement.


Petit matin, passage au poste de contrôle, enregistrement et hop on part vers le cratère. Le chemin est large, à terre des poussières jaune vif puis des paniers déposés avec leur charge de soufre sur le bord du sentier. Peu à peu nous comprenons les choses. Les porteurs de soufre font le chemin avec deux charges, alternant le déplacement de l'une puis de l'autre, pour varier l'effort. Bien trop lourd !






L'accès au cratère prend deux heures, le point le plus élevé est à 2368m, le lac du cratère en contre-bas est à 2148m. C'est là le centre de l'activité.



Tout commence là, 220 mètres plus bas, près du lac. Le volcan crache des nuées de soufre en plaques que les hommes viennent tailler en morceaux avec une barre de fer. Ils rempliront leurs deux paniers d'une charge de 80 kg ou plus. Difficile de respirer.















Ils repartiront ainsi chargés, sur le sentier escarpé. Juste une bouteille d'eau, parfois torse nu ou en tongues, parfois la cigarette à la bouche, ils remontent, remontent, comme autant de fourmis vers le haut du cratère. L'odeur de soufre étouffe les poumons. Puis prennent le sentier descendant jusqu'au poste de contrôle.



Après la remontée du fond du cratère, voici la descente vers la pesée.




Ils sont deux cent par jour à effectuer un ou deux trajets selon leurs force et résistance. Sudan, l'un d'entre eux insiste pour nous montrer combien son dos est déformé par le joug de sa charge. Le va et vient est continu sur le sentier.

Ultime étape, le pesage avant dépôt dans le camion. Le comptable taquine le poids de la balance avec une baguette blanche. On chipotte pour quelques grammes, à la sueur du front de celui qui dépose sa charge sur la balance. Un kg de soufre leur sera payé 600 rupies, une charge de 80kg leur rapporte 48.000 rupies soit 6 USD ou 4 euros. Ceci s'appelle une "exploitation de soufre", elle porte bien son nom.



Tout le travail est individuel, de l'extraction au dépôt dans le camion. On ne sort pas indifférent de cet environnement dans lequel les hommes usent leur corps jusqu'au bout de leurs forces. Un endroit de plus qui interpelle la conscience de chacun. Ici, il ce sont des hommes, ailleurs il s'agira de femmes ou d'enfants.