"Come again, revenez !"

bangla00des enfants, du monde partout...
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Dès la frontière, l'accueil est sympathique, les gens saluent, rient, questionnent, s'agglutinent en un instant. Ils n'ont pas souvent vu de voyageurs. Ils sont d'un naturel curieux, parfois trop collants à notre goût, mais bon, ce pays a une toute petite surface : 144.000 km2. Prenez le quart de la France et mettez y 100 millions de plus que la population française pour loger ces 164,4 millions d'habitants. La densité au kilomètre carré est au top : 1100 personnes au km2, comme Monaco, Singapour ou Malte mais sans compter que le tiers du pays est en zones inondables. Pays plat et pays d'eau traversé par quatre grands fleuves le Gange et le Bramapoutre pour les plus longs ainsi que la Tista et la Jamuna. Les cours d'eau représentent 7% de la surface du pays. Le degré d'humidité est élevé ; avec la chaleur, il faut tenir le coup !
Au fil des jours nous découvrons de nombreuses ONG s'occupant des enfants, des femmes, de la santé, de l'agriculture... Nous découvrons aussi des conditions de vie sommaires : le quotidien est difficile, on marche pieds nus, les enfants sont associés aux tâches, la pêche ramène bien peu de prises mais on recommence sans relâche. Ici on étale un peu de grains, là on récupère les feuilles mortes. Dans tel site archéologique ce sont près de 600 personnes qui viendront en journée couper un peu d'herbe pour les chèvres. Tous les espaces sont occupés, ratissés, balayés, cultivés ou construits. Pas de déchets, pas de décharges à ciel ouvert. Nous sommes frappés par la propreté sauf à Dacca. Le gouvernement a interdit les sacs en plastique. L'effort de lutte contre la pollution vise également les véhicules : les voitures et rickshaws roulent au gaz. Seuls les bus et camions fonctionnent au diésel. Comme le niveau de vie est très bas, peu de voitures particulières circulent sauf dans les grandes villes. Le réseau routier est dans l'ensemble bon, sauf sur l'axe Dacca Chittacong, sueurs froides garanties à toutes heures. Pays essentiellement musulman, avec 15% d'hindous, quelques chrétiens et... une dernière famille arménienne à Dacca qui entretient son église comme un joyau.
Bangladesh, un des deux plus grands pays musulmans dans le monde, un des plus pauvres de la planète, pourquoi venir ici ? parce que trop peu de personnes y viennent rencontrer les gens, découvrir un pays d'eau si souvent éprouvé, une immense mangrove classée Unesco (le Sundarbarns), Dacca, la capitale spéciale et grouillante de monde, des hauteurs au dessus de Chittacong, le port principal et la vaste plage de Cox Bazar avec ses 120 km ininterrompus. Pas de shorts ou de décolletés, le code vestimentaire suggère la discrétion. Les femmes du Bangladesh ont souvent leur longue écharpe recouvrant les cheveux, parfois aussi le fichu et/ou un voile. Les hommes s'essaient au hénné sur les cheveux ou la barbe, l'effet est surprenant. Plutôt que de d'éviter le Bangladesh en partant de Bombay, nous choisissons de venir le découvrir et trouver une solution pour expédier Pgaz au départ de Chittacong vers la Malaisie.
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Moment émouvant pour nous, nous traversons le Gange pour la dernière fois. L'oiseau et le bateau si typique en seront nos témoins en ce matin ensoleillé sur le ferry pris au Goalaunchi Ghat.
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Misère sans nom, misère sans frontière

Misère sans nom... l'enfant s'agrippe à la portière, insiste, tente ses deux mots d'anglais, regarde au fond des yeux, on se comprend malgré le gouffre qui nous sépare, "later, later... my name is Rasjani, Rasjani". Oui Rasjani, je ne t'oublie pas, tu as un nom, tu es une personne identifiée. Ici comme en Inde et comme ailleurs dans les grandes villes les mendiants sont nombreux. Femmes fantômes, moignons, membres déformés, visages décharnés, homme-tronc se déplaçant sur une planche ou à la force du poignet tirant successivement les restes de ses membres inférieurs, enfants seuls ou en bandes volatiles, les êtres humains les plus démunis se faufilent entre les voitures, mendient, quémandent sans relâche. Les camions sont trop hauts, les voitures particulières ont souvent leurs vitres fumées fermées, les rickshaws sont grillagés mais l'effort de la quête continue. Later, later (plus tard, plus tard), la vie sera peut être moins dure ? ou bien il sera trop tard pour chacun d'entre eux. Ce sont les regards les plus profonds du voyage. Et les regrets les plus grands.
L'autre détresse perceptible est totalement silencieuse : ombre de personne cheminant les yeux perdus, la tête dans un ailleurs plus supportable sans doute que le quotidien, pas un regard, pas de main tendue, juste tenir debout et avancer, comme une épave menée par le courant, tout droit, tout droit, seule dans son monde, seule dans les éléments qui l'ont menée à cet instant. Instant fugitif et sorte d'éternité. Le vide tient lieu d'ancrage. Les images sont gravées dans le coeur.

Patrimoine

Mosquées du 15 ème siècle à Bagherat encore lieux de pélerinage, palais ou forteresses à Dacca, restes d'immenses temples bouddhistes à Paharpur et à Maïnimati, le Bangladesh a quelques sites incontournables sur le plan architectural. Souvent agrémentés de plans d'eau ou de beaux jardins, les écoles et les familles viennent s'y promener, ou couper l'herbe comme à Paharpur. Le directeur nous expliquait qu'il y avait incompatibilité entre les normes de l'Unesco et les besoins locaux, du coup le site est tondu par les faucilles du voisinage. Bagherat, la mosquée Shait Gumba construite en 1459, 77 coupoles et une forêt de piliers.
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Haut lieu de pèlerinage, le mausolée de Khan Jahan Ali, un mystique soufi venu de Turquie au milieu du 15è siècle. Il a fait construire des routes, des ponts, des mosquées et des bâtiments publics. Le mausolée, édifié à sa mort, est situé dans un enclos fortifié, à côté d'une mosquée à dôme unique. Un ghat (escalier) descend vers le plan d'eau réservé à la purification.
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Un temple hindouiste à Rangpur, le Kali temple est en plein préparatifs pour le Divali, une semaine de festivités. Les statues en papier mâché sont voilées, elles seront jetées au fleuve dans les prochains jours. Tout au long de la semaine nous reverrons dans les villages des" temples éphémères du Divali" : un portique de bambous drapé de tissus colorés.
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Les temples éphémères du Divali...
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A Rangpur, le palais Tajhat, un des beaux rajbari du pays avec son envolée d'escaliers et la succession de grandes pièces ventilées par la galerie circulaire. Mais il semble en piteux état, seul instrument d'entretien, un balais. Le directeur venu en France il y a quelques années garde un souvenir inoubliable du Carré de Nïmes. Deux gamins sillonnent les jardins un pèse personne sous le bras, voulez vous connaître votre poids ?
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Paharpur, un immense temple bouddhiste laisse imaginer la vie dans la grande cour aux 170 cellules de moines, qui dit mieux ? à Maïnimati, il n'y en a que 115. La construction est en briques, ornée de terra cota (briques décoratives) illustrant la vie quotidienne, la nature et les déités vénérées. Ici Paharpur, un 13 octobre, signé JB.
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Ici Mainimati, autre temple bouddhiste, à mi chemin entre Dacca et Chittacong, contre la frontière indienne du territoire Tripura. Un grand carré bordé des cellules de moines.
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L'église arménienne dans le vieux Dacca.
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Le fort Lalbagh dans le vieux Dacca et le palais Ahsan Manzil construit au bord de la rivière sur le site d'une ancienne manufacture française.
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Le drapeau, pastille rouge sur fond vert. Hibiscus blanc et floraison bicolore...
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Enfants et crayons

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Michèle et Francesco rencontrés au Sikkkim (voir blog Sikkim, la vie de château) nous confient une mission : remettre une vingtaine de boites de crayons de couleurs à des écoles locales. Décision prise, ce sera au Bangladesh. Voici le reportage, quelques jours plus tard. Une école primaire publique, 6 jours de classe par semaine, 300 élèves avec sept enseignants (oui). Les plus petits sont assis par terre, garçons d'un côté, fillettes de l'autre. Les plus grands bénéficient de longs bancs et tables. Notre arrivée perturbé le programme. Tous voulaient profiter de l'événement. Les enseignants tentaient de nous offrir le thé tranquillement, mais la poussée des enfants était continue, par la porte, par la fenêtre, dans un climat joyeux.
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Autre rencontre avec des enfants, vers Faridpur. Il se fait tard et nous ne trouvons pas de bivouac tranquille. Soudain, la pancarte d'un orphelinat hollandais, coup de freins, je vais voir le directeur, "pas de problème, vous pouvez dormir dans le jardin, vous êtes nos hôtes". L'avant souper sera festif, comme il y a une centaine d'enfants, je gonfle plusieurs ballons, les relie et hop l'engin coloré s'envole. Côté garçons le jeu est tout de suite animé, les enfants jouent ensemble et les ballons ne touchent pas terre. Côté filles les ballons ne résistent pas et s'individualisent rapidement. Les fillettes chanteront et danseront pour nous. Chaque mère s'occupe de 12 à 15 enfants avec une assistante. Les enfants ont de 5 à 15 ans. Que se passe t-il après ?
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Mangrove Sundarbans

Pays d'eau, un tiers est en zone inondable, des rivières qui débordent, des cyclones parfois dramatiques, avant et après la mousson d'été. Un effort structurel de construction d'abris contre les intempéries majeures réduit les pertes humaines depuis ces dernières années. Pays d'eau, culture de l'eau, l'eau de la mer, l'eau des fleuves venus des montagnes, l'eau tombée du ciel... les gens vivent dans un degré d'humidité élevé. C'est dans la division de Kulna, ouest du pays que se trouve la plus grande mangrove du monde : 10.000 km2 de zone humide, rivières, canaux, forêts de sundaris (arbres élancés pouvant atteindre 25 mètres, résistant à la moisissure), soumis aux marées. Espace sauvage abritant des tigres, des crocodiles, des lézards énormes... Espace dangereux (les derniers tigres du Bengale) et fragile (sa surface diminue), devenu parc national inscrit au patrimoine de l'Unesco. Ce sont les Sundarbans. La mangrove commence à Mongla. Elle s'explore en bateau, aller jusqu'à Heron point, 85 km, prend 5 à 6 heures pour un "gros" bateau. Nous choisissons une formule plus modeste pour pouvoir s'enfiler dans des affluents latéraux. Occasion de percevoir un peu de la vie d'ici. Pêche, collecte de bois, déchargement des gros navires apportant du ciment, des céréales sur le fleuve. Vie continuelle dans la boue, boue qui servira à renforcer l'assise de la cabane ou de la hutte, à colmater les parois, stabiliser les poteaux plantés autour de l'habitat. Impressionnant. Note de couleur : des crabes rouge vif, les tuniques des femmes cherchant l'eau et remontant la cruche pleine le long des échelles de bambou. Habitat en bordure de la mangrove, vers Chadpai, puis plus au sud vers Habaria et, en remontant, Karamial, étape explicative du parc avec une carte au sol donnant une idée de la mangrove des Sundarbans : en haut le nord, en bas le sud du delta ouvert sur la baie du Bengale. La vie dans la boue.
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Mangrove, la forêt les pieds dans l'eau, des arbres supportent l'eau salée.
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Côté faune, des petits chevreuils mouchetés, proie favorite des tigres, des crocodiles, l'oeil en coin, un mètre vingt, un gros lézard à longue langue s'enfuit, des crabes rouge vif, des libellules en noir et rouge, une surprise, des singes ! Point de tigres.
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Densité des arbres et arbustes sur la rive peu à peu grignotée par les marées.
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Les pêcheurs... et le déchargement des navires : ciment, céréales...
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Déchargements et bateau de croisières.
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Peu de rencontres dans les affluents, des femmes allant chercher des bois spéciaux.
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Ni barque, ni gros bateau mais un petit modèle avec capitaine, machiniste et guide.
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Gilets THEODOR. Clin d'oeil à l'attention de Michèle et Francesco. Retour à Mongla.
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Autour de Mongla, de l'eau à droite et à gauche, comment trouver un bivouac ?
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Dacca, pas tout seuls !

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Le mémorial de l'Indépendance, reproduit sur les billets de banque à l'entrée dans la capitale et l'Assemblée Nationale, bâtiments ultra modernes au centre d'un grand parc. Bienvenue à Dacca.
Déjà 15 millions d'habitants à Dacca, 20 millions en 2020, une des plus grandes cité de la planète ? Chaque année 600.000 personnes viennent chercher du travail dans la capitale mais le plus souvent y trouvent une misère plus grande encore que dans leur village. C'est peu dire l'enfer des conditions de vie dans la capitale. Embouteillage permanent, immeubles entassés construits à la va vite, pas de réseau de transport distinct comme à Bogota avec ses bus aux voies réservées. Ville éprouvante pour le passant et combien plus pour le résident. Nous marchons dans le vieux Dacca, allons au bord de la rivière, remontons vers le fort Lalbagh. Ruelles se succédant, petites places encombrées, activités multiples : ici on usine des pièces d'engrenage, là on fabrique des casiers en aluminium, ailleurs ce sont les textiles ou les vêtements d'occasion ou une rue entière dédiée au vélo, au rickshaw... des mosquées jalonnent le trajet. Les hommes tiennent les commerces, font les courses, se déplacent. Il y a bien moins de femmes que d'hommes dans les rues, sauf dans les files d'attente de la distribution alimentaire. Peut être un quart d'entre elles masquent le bas de leur visage, parfois le voile est coloré. Très peu de "totales", dans notre jargon de voyage nous appelons ainsi les femmes totalement recouvertes, gants et chaussettes inclus.
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Nous sommes invités chez Saîf et sa jeune épouse Shimu. C'est l'occasion de partager un peu de leur quotidien. Il travaille chez un promoteur immobilier HomeStone qui construit des immeubles et hôtels de luxe comme le Titanic à Cox Bazar, les publicités fleurissent sur les murs de Dacca. Nous apercevrons son grand patron qui circule entre la Suède, l'Allemagne et le Bangladesh, trois téléphones à la main. Shimu vient de Noakhali et la vie à Dacca la change du tout au tout. Elle m'apprendra un point de broderie qui sert au nakshi kantha. C'est une sorte de quilting maintenant ensemble deux tissus imprimés ou deux cotonnades légères pour servir de draps ou de couvre-lit. J'aime apprendre la façon de faire familiale, cela me donne des idées pour plus tard et me permet, lorsque je vois des réalisations, de distinguer ce qui est vraiment artisanal de ce qui est produit en série ou simplement imité.
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Les collègues féminines de SaÏf à HomeStone dans le vieux Dacca. Elles sont venues me voir, m'ont questionnée et moi aussi : elles ont entre 22 et 25 ans, sont célibataires sauf une. Elles tiennent à leur vie professionnelle, "pas question de mariage avant 26 ans", disaient elles en choeur.
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Dacca, c'est aussi une "ville nouvelle" avec ses immeubles récents desservis par une tresse de fils électriques remontant le long des façades jusqu'aux derniers étages, mais aussi des immeubles dernier cri aux façades de verre comme au Motijheel Branch du City Center au coeur du vieux Dacca ou centres commerciaux et banques multiples de Gulhan, quartier plus résidentiel au nord de la ville.
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Nous rencontrons ces jeunnes infirmières en vacances à deux reprises le même jour, un superbe moment d'échange. Célibataires elles aussi et fortement motivées pour exercer. Le pays manque d'infirmières, il y aurait 4 médecins pour une infirmière ! Autres rencontres sympathiques.
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Labeur et ressources

Dur labeur quotidien pour décrocher 1 ou 2 dollars par jour. Le travail du jute, la pêche, la déconstruction de navires mis à la casse, la coupe du bois et des bambous sont quelques unes des ressources du pays.
Premier producteur de jute au monde, nous voyons comment le processus s'amorce dans les champs inondés. Le roseau est coupé, séché puis trempé, les fibres sont ensuite effilochées, mises à sécher puis torsadées et acheminées vers les manufactures de traitement du jute. Un travail physique très exigeant, en partie dans l'eau, en partie au sec. Le séchage se fait plus souvent verticalement sur les rambardes des ponts, sur des bambous, tout ce qui soutient les fibres au vent et au soleil est utilisé. Ensuite ce sont les rickshaws et les camions qui transportent les torsades à la manufacture. Un salaire journalier sera de 150 à 200 takas soit 1.50 à 2 euros par jour. Au port de Chittacong nous verrons les container de toile de jute.
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Poisson, autre quête quotidienne. Tous les efforts pour pêcher parfois de si petites prises ! Chaque plan d'eau, mare, étang, lac, bras de rivière, champs inondé est sans relâche exploré. Ici avec des filets lancés à la volée, là il faut entrer dans l'eau avec un panier plat, on garde sous le coude une cruche métallique pour conserver ses prises. Ailleurs ce sont des armatures en bambous qui permettent de descendre les filets, le pêcheur reste comme suspendu aux commandes à 5 mètres de haut. Le plus surprenant est de voir se déplacer un homme enfoncé jusqu'aux épaules entre des plantes aquatiques avec son filet-raquette. Sur les rivières ou dans le delta les barques associent souvent 2 à 5 hommes pour guider l'embarcation, lancer les filets et les retirer. Le bambou sert aussi de classique canne à pêche avec parfois des moulins bricolés a la mano. L'effort continue ensuite pour acheminer les plus gros poissons à la ville. Les poissons sont transportés dans de grandes jarres en métal remplies d'eau. Un homme accroupi entre deux jarres va agiter l'eau durant le trajet pour maintenir une oxygénation. Camions ou rickshaws, nous croisons ces équipées pressées d'arriver en ville.

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Déconstruction navale, 15 km avant Chittacong, le long de la rivière Kharanphuli, les navires destinés à la casse sont dépecés par des centaines de travailleurs. Pas possible d'accéder à la rivière, la base navale contrôle le territoire. Mais tout ce qui est démonté est regroupé le long de la route. On peut ainsi recomposer le puzzle : les moteurs, les turbines, les engrenages, les éviers de cuisine, les passerelles, les frigos, les bouées de sauvetage, les isolants, les tuyaux, les sièges, les sanitaires, les portes de cabine... énorme travail technique de démontage, de tri et de regroupement. Le long de la route chaque cabane a sa spécialité et les multiples camion-grue déposent les éléments à traiter.
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Trois sources de revenu pour le pays, nécessitant de gros efforts physiques, impliquant des plus jeunes et incluant également bien des risques de santé. Partout les bambous sont utilisés : structure des maisons et des abris, échafaudages, piliers de soutien dans la construction des immeubles, échelles, passerelles, ponts, pôles pour les barques, armature mobile pour la pêche au filet carré, jougs de transport de charges... imputrescible, solide, long, facile à découper, il fait partie de la vie quotidienne.
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Les porteurs traversent les champs jusqu'à la route... La canne à sucre est soutenue.
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Aire de séchage. Charrue d'antan et publicités agressives.
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3A : Aslam, Ahsan, Alliance Française

Au tout début de notre séjour au Bangladesh ainsi que les derniers jours, nous vivons trois rencontres exceptionnelles. Rencontres surprises, contact spontané et intense sur les valeurs essentielles partagées mutuellement. Md Aslam Pervez à Rangpur, Md Ashan à Chittacong puis Samuel Berthet qui dirige l'Alliance Française de Chittacong. La chronique est amusante.
Premier jour au Bangladesh. Nous sommes super attentifs : comment cela marche t-il ici dans ce nouveau pays ? comment les gens conduisent et se conduisent ? Bon point, le passage de la frontière a été parmi les plus simples et rapides, cela augure bien les choses. La route est animée, trafic, piétons, succession de villages et de champs. De l'eau partout, des champs inondés, difficile de trouver un espace de dodo. Pas envie de faire trop de kilomètres, nous pensons chercher un lieu pour dormir vers Rangpur, en privilégiant une solution sécurisée plutôt qu'un bivouac en nature qui semble bien difficile à trouver. Lonely Planet signale une ONG suédoise qui fait aussi office de guest house (hébergement). Pas difficile à trouver, tout le monde ici connaît RDRS (www.rdrsbangla.net). Implantée depuis 20 ans cette ONG intervient auprès des communautés rurales. Depuis 20 ans, d'abord comme volontaire puis en qualité de permanent, Aslam Pervez travaille ici. Il nous accueille d'emblée comme des familiers : "oui, vous pouvez dormir dans votre véhicule sur le parking et venir manger au restaurant, je vous donne la clé d'une chambre pour une bonne douche, si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites le moi savoir..." Nous aurons l'occasion de le faire parler sur les activités de RDSR, sur les projets en cours et de recevoir des réponses aux questions concrètes du voyage. Une belle aubaine, juste le premier jour dans le pays ! Merci Aslam !
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A Chittacong, Md Ashan dirige un service de broker (agent maritime s'occupant des démarches d'import/export). Nous avions eu ses coordonnées par d'autres voyageurs qui avaient utilisé ses services il y a 5 ans ! Nous le rencontrons à la compagnie maritime (effectuant le transport par container) où nous cherchions un certain Mr Jakir... qui n'est plus là. Nous nous retrouvons avec "Mr Shakil". Très vite l'entente s'établit dès que Jacques expose notre besoin : expédier notre véhicule en container vers la Malaisie. Nous sommes des voyageurs, pas du tout dans le business et avons cependant déjà une expérience de la situation. C'est en effet la cinquième fois que nous mettons Pgaz en container. Ils sont étonnés, attentifs, curieux de notre périple. Ils réfléchissent à un tarif et nous proposent tous les deux un prix très favorable. Nous donnons notre accord sur le champ, les démarches de douane commençant le lendemain puis la mise en container dans la foulée. Compter environ 8 jours, si tout va bien. Nous quittons la compagnie maritime pour rejoindre Md Ashan à son bureau. Au fil de la conversation, nous découvrons qu'il est membre très actif du Lion's Club (14.000 membres dans le pays dont 4.000 à Chittacong) et de la Défense des Droits de l'homme (Defence of Human Rights) forte de 2.200 membres. Son engagement est personnel, impliqué, continu. On constate également dans les relations avec ses employés le même respect de la personne, la même conscience que toutes les attitudes ont un impact. L'échange avec Md Ashan est passionnant. Nous aurons le plaisir de déjeuner avec lui et deux de ses employés le lendemain. Nous apprenons les différents leviers d'action pour faire avancer les enjeux tels que
l'accès à une eau potable, les conditions de détention en prison, les droits individuels... Md Ashan au bureau. ashan1
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Vivre un cinquième empotage. Chittacong,le 27 octobre 2010, nous avons donc l'appui d'un agent maritime, Md Ashan et nous rentrons avec notre véhicule dans la zone portuaire de PIL, une compagnie maritime, Pacific International Lines basée à Singapour. Nous avons un badge visiteur. Le container est prêt, en bon état. Jacques avance Pgaz au milieu. La marge latérale est de 15 cm à droite et 25 cm à gauche, côté conducteur pour pouvoir ouvrir la porte et sortir. Il met en place les sécurités : coupe-batterie, blocage du levier de vitesse. Il se glisse comme une anguille entre le véhicule et la paroi du container en termine sa sortie à quatre pattes. Deux ouvriers viennent stabiliser le véhicule (tangage et roulis) : blocage des quatre roues avec des cales en bois puis arrimage au sol avec des cordages croisés à l'avant et à l'arrière du véhicule. Si le container est "secoué", le véhicule devrait rester en place. Hope so ! Se mettre à trois pour refermer les deux portes, poser le scellé officiel et C'est terminé pour nous. Il nous reste à aller chercher la BOL, bill of lading (document officiel de transport maritime) et nous pourrons quitter le pays vers la Malaisie.
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Pgaz est dans la grosse boîte grise, il est devenu un numéro : numéro de container et numéro de scellé.
Troisième A, comme Alliance Française. Ici avec Samuel Berthet, le Capitaine Yussuf et Ramona, son épouse au Chittacong Club.
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Alliance Française, nous prenons contact avec Samuel Berthet, le Directeur. Des horaires sont déments en ce moment car il y a eu des défaillances de professeurs alors que le programme des cours est engagé. Il remplace dans différents niveaux en plus de sa charge. Nous le rencontrons un soir brièvement et formulons le projet de se revoir plus tranquillement. Jeudi soir Samuel nous aiguille vers le Chittacong Club afin de répondre à une invitation pressante du capitaine Yussuf et de sa femme Rumana, pilier de l'Alliance. Nous pénétrons dans le lieu le plus sélect de la ville, faisons la connaissance du Capitaine (de bateau) et de sa femme. Plusieurs couples sont également invités, médecins et hommes d'affaires. L'un d'entre eux nous demande où nous étions en début d'après midi, surprise de taille, c'est le patron de la compagnie maritime qui nous a accordé un tarif tout à fait spécial pour l'envoi de Pgaz en Malaisie ! Le climat est détendu, amical et les questions sur notre périple fusent. Etonnement de nous imaginer vivre dans un cadre si sobre, étonnement de la traversée par la route de tant de pays aux conduites pas classiques, curiosité exprimée sur le désert, les pistes en Bolivie, etc. Les fonctions exercées assurent un train de vie aisé permettant d'envoyer les enfants étudier au Canada ou effectuer des stages en France ou en Espagne. Le Bangladesh, c'est aussi cette facette de la vie sociale.

Pages d'un quotidien

Nous avons été surpris de trouver dans les journaux locaux de nombreuses informations sur deux familles de sujets : la criminalité, la violence et son cortège de sauvageries (tuerie à l'acide, règlement de compte, "fatwas" personnelles visant à éliminer femme ou enfant insoumis, ... mais, en égale proportion, des reportages, articles, témoignages et informations de fond sur les sujets à fort enjeu, comme par exemple, les effets de la surpopulation, l'accès à l'eau potable, les facteurs de la grande pauvreté et des programme d'action pour améliorer la situation dans le pays, les droits humains, le travail des enfants, les normes de construction, les risques excessifs de la conduite automobile, les droits des minorités, la protection des semences...
Voici une sélection de quelques uns de ces titres, relevés le même jour, le 30 octobre 2010.
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Les normes de construction sont... défaillantes ! L'immeuble est tombé avant d'être occupé.
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Refus d'habilitation des agences de recrutement de personnel pour la Jordanie.
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Plan de développement pour les agriculteurs après inondations au Haor.
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Les droits des communautés Dalits à inscrire dans la Constitution.
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Criminalité à Dacca : réalités et pistes d'action, ouvrage de Shalma SHAFI
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Urgence d'un plan de trafic dans la capitale (bientôt 20 millions de personnes).
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Sauver de la dégradation les espaces de jeux dans la capitale.
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Innover dans la lutte contre la très grande pauvreté.
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L'essentiel est là (alimentation) mais les prix sont inaccessibles.
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Le respect des droits des plus démunis, voir aussi d'Irène KHAN, née au Bangladesh : Pauvres en droits, droits des pauvres.
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Contre la torture des enfants.
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Pas de clémence pour ceux qui applique leur "fatwa" à titre privé.
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Le GI (indications de la provenance des produits), sorte de label de protection.
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Construire le leadership, construire les compétences des nouvelles générations. Mais l'état des universités publiques est très précaire : locaux vétustes, logements insuffisants, transports en commun dangereux, repas insalubres donc les enseignants et les étudiants cuisinent sur place, avec les risques d'accidents correspondants.
Des institutions internationales effectuent des classements de pays selon une batterie de critères. Le Bangladesh fait partie des pays les plus pauvres de la planète mais n'est pas le dernier de la liste dans les efforts d'éducation, de respect des droits, de la liberté d'expression... ni dans la lutte pour l'environnement (interdiction des voitures à essence, interdiction des sacs en plastique... et c'est appliqué), belle leçon internationale ... à savoir et à suivre !
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Note finale colorée : un costumier de Dacca conserve le savoir-faire des tenues traditionnelles de danse et de théâtre. Clin d'oeil à la cousine costumière.