Dacca, pas tout seuls !
25/Oct/2010
Le mémorial de l'Indépendance, reproduit sur les billets de banque à l'entrée dans la capitale et l'Assemblée Nationale, bâtiments ultra modernes au centre d'un grand parc. Bienvenue à Dacca.
Déjà 15 millions d'habitants à Dacca, 20 millions en 2020, une des plus grandes cité de la planète ? Chaque année 600.000 personnes viennent chercher du travail dans la capitale mais le plus souvent y trouvent une misère plus grande encore que dans leur village. C'est peu dire l'enfer des conditions de vie dans la capitale. Embouteillage permanent, immeubles entassés construits à la va vite, pas de réseau de transport distinct comme à Bogota avec ses bus aux voies réservées. Ville éprouvante pour le passant et combien plus pour le résident. Nous marchons dans le vieux Dacca, allons au bord de la rivière, remontons vers le fort Lalbagh. Ruelles se succédant, petites places encombrées, activités multiples : ici on usine des pièces d'engrenage, là on fabrique des casiers en aluminium, ailleurs ce sont les textiles ou les vêtements d'occasion ou une rue entière dédiée au vélo, au rickshaw... des mosquées jalonnent le trajet. Les hommes tiennent les commerces, font les courses, se déplacent. Il y a bien moins de femmes que d'hommes dans les rues, sauf dans les files d'attente de la distribution alimentaire. Peut être un quart d'entre elles masquent le bas de leur visage, parfois le voile est coloré. Très peu de "totales", dans notre jargon de voyage nous appelons ainsi les femmes totalement recouvertes, gants et chaussettes inclus.
Nous sommes invités chez Saîf et sa jeune épouse Shimu. C'est l'occasion de partager un peu de leur quotidien. Il travaille chez un promoteur immobilier HomeStone qui construit des immeubles et hôtels de luxe comme le Titanic à Cox Bazar, les publicités fleurissent sur les murs de Dacca. Nous apercevrons son grand patron qui circule entre la Suède, l'Allemagne et le Bangladesh, trois téléphones à la main. Shimu vient de Noakhali et la vie à Dacca la change du tout au tout. Elle m'apprendra un point de broderie qui sert au nakshi kantha. C'est une sorte de quilting maintenant ensemble deux tissus imprimés ou deux cotonnades légères pour servir de draps ou de couvre-lit. J'aime apprendre la façon de faire familiale, cela me donne des idées pour plus tard et me permet, lorsque je vois des réalisations, de distinguer ce qui est vraiment artisanal de ce qui est produit en série ou simplement imité.
Les collègues féminines de SaÏf à HomeStone dans le vieux Dacca. Elles sont venues me voir, m'ont questionnée et moi aussi : elles ont entre 22 et 25 ans, sont célibataires sauf une. Elles tiennent à leur vie professionnelle, "pas question de mariage avant 26 ans", disaient elles en choeur.
Dacca, c'est aussi une "ville nouvelle" avec ses immeubles récents desservis par une tresse de fils électriques remontant le long des façades jusqu'aux derniers étages, mais aussi des immeubles dernier cri aux façades de verre comme au Motijheel Branch du City Center au coeur du vieux Dacca ou centres commerciaux et banques multiples de Gulhan, quartier plus résidentiel au nord de la ville.
Nous rencontrons ces jeunnes infirmières en vacances à deux reprises le même jour, un superbe moment d'échange. Célibataires elles aussi et fortement motivées pour exercer. Le pays manque d'infirmières, il y aurait 4 médecins pour une infirmière ! Autres rencontres sympathiques.