Un printemps estival

Avril 2011, un temps d'été en France et en Suisse avec une météo étonnante, néfaste pour l'agriculture mais tellement agréable au quotidien. Je reviens aux sources pour quelques semaines. Ce voyage est différent. Je me concentre sur le tout premier cercle des proches, même si je me sens également bien proche de plusieurs autres personnes qui me tiennent à coeur fortement. Qu'elles veuillent bien me conserver leur bienveillance si je ne les pas appelées ou rencontrées. Ma disponibilité est entièrement orientée vers la famille : revoir les enfants et un petit enfant, attendre une naissance, être présente à ma soeur dans un moment santé à forts enjeux, retrouver mon frère et les siens. Moments d'intimité privilégiés, se mettre au diapason, goûter ce qui survient, saisir les opportunités chaleureuses qui permettent de vivre la vie de tous les jours dans un grand jardin ou autour d'une table d'anniversaire. Ne pas se disperser. Tant pis s'il y a de l'incompréhension. Garder intact le fil des jours passés en Terre-Mère. Cela m'aura permis de mieux gérer l'intensité émotionnelle de ces retrouvailles. Quelques séquences.




Plaisir de jouer dans les oliviers avec un petit bonhomme à la recherche de son indien miniature. Nous avions perdu le bébé éléphant et l'avons retrouvé in extremis dans les graviers à une heure du départ. Jouer encore ensemble au bord du Rhône ou au square Bahadourian. Energie inlassable de l'enfant de deux ans et demi qui sait où poser le pied pour grimper sur le petit mur d'escalade, qui préfère le toboggan de gauche et veut voir son père dans celui de droite, qui connaît la serrure du portail et fonce en trottinette, sans trop regarder devant lui. "Oui-oui-oui" ou "non-non-non", nous adopterons sa façon d'émettre un avis appuyé lorsqu'il le faut. Merci Casimir.



Abandon total du tout petit enfant, juste né, lové sur soi dans une sieste commune. Moments uniques de rencontre peau à peau. D'où viens tu ? Bienvenue ici ! Je suis l'une de tes grands mères. En matière d'affection familiale, pas d'exclusion ! Le coeur est si grand, autant pour donner que pour recevoir. Je t'ai fabriqué un petit doudou avec les moyens du bord, dans Pgaz. J'espère qu'il t'apportera bien des moments de douceur et de tendresse à toi, Sidonie.



Ce fût aussi la vie toute simple : rendre une petite visite quotidienne à ma soeur hospitalisée. Puis, à son retour, faire les courses, préparer un repas qui convienne à un estomac bien chahuté par les traitements suivis, ranger ce qui attendait, chercher le journal, la représenter à une assemblée de co propriétaires, donner de ses nouvelles, effectuer les derniers achats nécessaires à son installation, acheter des fleurs, etc. Suivre au jour le jour les petites victoires. Se rendre compte du chemin parcouru. Difficile de se faire une idée de ce que peut représenter un traitement médical terrassant lorsqu'on est bien portant.

L'important, être là, être ensemble. "Wontanara", dit-on en Guinée, nous sommes ensemble. Notre fratrie est maintenant réduite à trois. Le grand frère est parti trop tôt, la veille de ses 63 ans, d'une leucémie. Autre pays, au même moment, Jacques retrouve les siens au Canada et découvre avec joie Anna-Belle, 4 mois !