Russie type suisse !

Pour rejoindre le Kazakstan depuis la Mongolie il faut repasser par la Russie, au sud de Novossibirsk. Notre visa double entrée nous donne une semaine pour effectuer cette boucle. Les formalités de sortie côté mongol prennent 30 minutes et il faut 2 heures pour re-rentrer en Russie. Tout change ! asphalte de qualité, on n’en croit pas nos yeux ni nos sensations corporelles tellement cette situation nous surprend après les 4000 km de pistes vécus. Petit magasin avec des légumes, vente de fruits au bord de la route. Des arbres, des cours d’eau dont cette fameuse rivière Katun, de la verdure et des forêts. Des villages aux toits colorés. On se sentirait en Suisse avec le paysage environnant ! Nous sommes au coeur des forêts lieu de refuge des « vieux croyants » qui ont fuit la férule soviétique pour préserver leur foi. Ils se sont réfugiés au fond de la Sibérie juste à la frontière kazaque et ont coupé tout contact avec la civilisation, vivant de leur culture de patates, recueillant les baies, le miel, les écorces... difficile d’imaginer la survie de ces familles sur trois générations avant que des géologues ne les retrouvent par hasard il y a une vingtaine d’années.
Décompression, ralentissement du rythme, plaisir de bivouacs au bord de l’eau, pour une fois la contrainte du visa est une aubaine : nous ne pouvons pas entrer au Kazakstan avant le 5 août ! D’ailleurs, l’heure c’est l’heure, inutile d’espérer passer la veille au soir : nous dormirons sur le parking pour se présenter à l’ouverture, le 5 août, sortis le 4 août d’un pays, entrés le 5 dans le suivant !

Le triangle d'or

Nous évitons Moscou pour se concentrer sur le triangle d’or au NE de la capitale : Rostov, Yaroslaw, Vladimir, Pereslaw, Suzdal, Serguei Posad... nous avons bien aimé marcher dans ces gros kremlins, découvrir des petites villes animées, suivre les traces du grand Newski, écouter des offices dans ces monastères gigantesques, chercher des cafés internet (souvent déçus par le résultat)... Camper tranquillement dans la campagne. Les russes ne cherchent pas le contact, ne s’occupent pas de vous, cela présente un avantage, on peut faire ce qui nous semble bon. Même la police ne dit rien, la seule chose qui l’interesse est le contrôle de la vitesse. Un panneau à 50 km/h ou moins et on peut être sûr de trouver un flic avec son petit séchoir à cheveux pointé sur tout ce qui bouge ! Comme les gens roulent volontiers vite, les flics se repèrent au stationnement des voitures arrêtées peu avant. 50 ou 100 roubles selon le dépassement constaté. Nous aurons traversé la Russie sans un seul excès de vitesse, bravo Jacques ! Au total la police nous aura arrêté une demi douzaine de fois : « dokuments !», OK ! la copie plastifiée a toujours suffit... savaient-ils lire la carte grise du véhicule ??? déjà illisible en France, ici cela représente du chinois !!!

Passage de l'Oural

Premiers reliefs depuis plusieurs semaines, « les collines » de l’Oural surgissent nous sommes à la frontière entre l’Europe et l’Asie juste avant Ekaterinbourg plus célèbre pour le 18 juillet 1918, date de l’exécution du tsar et de sa famille que pour son activité minière. Le tsar est devenu une sorte d’icône, célébré dans une grande église aux coupoles dorées. La conduite est difficile, alternance de routes défoncées et de répits asphaltés toujours trop courts ! L’argent finançant les infrastructures ne doit pas arriver à destination au bon rythme ! De ci de là nous voyons de superbes demeures détonnant complètement avec l’habitat local. Les villages se déclinent toujours le long de la route principale, trois mètres de côté et on a les pieds dans la boue et les flaques d’eau. Tout est clôturé, la réserve de bois n’est pas encore entassée sous la remise faisant face à la maison. Autour de la maison : plusieurs cabanes branlantes pour le stockage du bois, des outils, des patates. Le feu a eu raison de plus d’une de ces isbas en bois. Nombreuses sont celles aussi qui penchent fortement d’un côté... doit-on mettre des cales sous la table ou le lit pour retrouver un peu d’horizontalité ? question restée sans réponse ! Chaque isba a son potager avec ses rangées de patates et parfois un lilas en fleur en ce moment. Pas de linge qui sèche au vent. Peu d’enfant jouant dehors. Quelques vieux sur leur banc. Peu de bétail visible. Parfois une jolie clôture peinte mais le plus souvent l’isba n’a pour seule décoration que le pourtour de ses trois petites fenêtres sur rue. 4000 km et toujours le même habitat, avec des maisons un peu plus grandes dans l’ouest. De quoi vivent ces villages ?

Le moral

« Cap Asie » disait-on en avril. Nous voilà au seuil depuis ce soir à 20 km d’Ekaterinbourg, ville où le dernier tsar a été exécuté en juillet 1918 avec sa famille. Nous sommes au confins de l’Europe juste devant la chaîne des monts de l’Oural, avec leur petite élévation qui ne dépasse pas 2000 mètres. Demain nous entrons en Asie ! Ce voyage semble avoir commencé plusieurs fois depuis le départ de Lyon ! Le passage en Belgique était comme un prolongement francophone. Traversée de la Pologne puis des pays baltes avec un avant goût d’autre chose puis un saut de cinq jours à Victoria dans l’île de Vancouver pour le mariage de la fille de Jacques. Un autre monde où les repères sont faciles, une plongée dans la chaleur familiale !
Puis la rentrée en Russie en pleine nuit avec ses 14 heures d’attente, la route vers Saint Petersbourg au petit matin reclus de fatigue. La folie de la grande ville avec ses trésors culturels, pas de quoi se reposer ! puis maintenant les vastes étendues à avaler km après km sans relâcher l’attention en direction de la Mongolie. Il y a de quoi être fatigué chaque soir !!! Internet n’est pas aussi accessible qu’on le voudrait. Mais on sait que chaque voyage est différent. Pour le moment la chaleur humaine me manque, le rire partagé lors des petites rencontres de la vie quotidienne... on a de quoi rire à deux mais pas encore vraiment avec d’autres. Pas un « voyageur » en vue sur la route mis à part six motards polonais rencontrés avant Khazan. A suivre !

La route

La route est pleine de surprise sur la qualité des revêtements et exige une conduite fort attentive, ce que Jacques exerce avec une résistance inépuisable ! Les flics sont omni présents avec leur petit pistolet radar pointé sur tout ce qui bouge ! 100 roubles pour un dépassement de 10 km heure soit 7 euros. C’est plutôt facile de les repérer car il y a toujours au moins un véhicule arrêté sur le côté ! Les maisons se succèdent, de toutes petites isbas avec potager.2009-06-07_06-08-29
Les villages sont en dehors de la route derrière un rideau d’arbres. 2009-06-11_23-12-16

Côté culturel

La grande Catherine, amie de Voltaire a laissé d’innombrables traces dans la région de Saint Petersbourg. Les palais d’hiver, d’été, les résidences à la campagne, les églises dont une toute petite rose (Chemse) construite à l’endroit où elle venait de recevoir une bonne nouvelle ! Les puissants de l’époque se construisaient des palais avec bien sûr la salle de bal nécessaire mais aussi le théâtre privé permettant d’accueillir des troupes ou des musiciens comme Liszt. Les églises sont autant de petits mondes distincts entre la pratique orthodoxe, arménienne, juive, luthérienne, ... la ville de Kahzan à 600 km de Moscou a une belle mosquée rutilante depuis une dizaine d’années. Nous aurons contourné Moscou en prenant le temps de visiter le Golden Ring (triangle d’or) avec Vladimir, Rostov, Serguei Posad, Suzdal, Yaroslaw... avant de piquer vers l’Oural, frontière entre l’Europe et l’Asie. Nous dormons ce soir juste sur cette ligne reconnue des géographes. Les kremlins sont légions, ce sont des forteresses le plus souvent garnies de bâtiments religieux, avec un ou deux murs d’enceinte. Il y a de beaux restes à visiter lorqu’ils ne sont pas convertis en bâtiments administratifs.
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Immensité russe

Distances, bâtiments, musées de St Petersbourg, largeur des avenues, ... immensités à la russe ! on se sent bien petit devant ces ronds points gigantesques ornés d’obélisques ou de scènes patriotiques, au pied de ces palais anciens ou néo modernes aux façades impeccables, au détour de ces galeries jalonnant les étages du palais d’hiver...
Grisaille des visages, chacun reste sur son quant à soi, le sourire est une denrée rare, pas seulement chez les gardiennes de musée, aussi dans les caisses de station service ou dans les magasins. « Confiance » est sans doute un mot bien incongru lorsqu’on regarde les relations au quotidien : il faut payer l’essence avant de remplir, il y a une caissière unique derrière une vitre blindée, pas d’auvent pour s’abriter le temps de chercher ses sous, on est debout dehors avec parfois un garde armé. Pas moyen de laver son pare brise ni de trouver une goutte d’eau dans une station service... où est le service lorsque les pompes n’ont pas de détecteur de niveau et que cela vous déborde sur les pieds ? Dans les magasins, il faut demander le bout de fromage prédécoupé présenté derrière une vitre bombée. La douane se passe sans un endroit pour remplir les formulaires remis. Pour la petite histoire, nous aurons mis 14 heures pour entrer en Russie : 2 heures pour les papiers, assez classique mais 12h d’attente sur un parking à 4 km du pont de Narva. Les véhicules sont canalisés en périphérie de ville et ne passent qu’au rythme de 18 véhicules à l’heure pour ne pas engorger l’entrée du pont !
Forêts de clochers en oignons colorés pour toutes ces églises ou monastères visités dans l’ouest de la Russie. Les restaurations religieuses vont bon train, à se demander si les pots de peintures fournis ne proviennent pas tous de la même source tant les coloris se ressemblent ici et là.
Prédominance de la terre : les isbas si petites de l’ouest ont chacune un lopin de terre cultivé pour la consommation familiale. La patate règne ici bas. Pas de fermes rutilantes mais des hangars chancelants. Après les vastes forêts de l’ouest, on aborde les grands champs de céréales vers l’Oural. La vie ne doit pas être facile : une guide touristique rencontrée à Yaroslaw pratique le double job : professeur de langue et guide touristique. La famille rencontrée sur le bord d’une rivière dimanche dernier (une vraie belle rencontre joyeuse et détendue) a aussi une double activité, retraite militaire plus garagiste. Alexandre était tout content d’ouvrir le capot de Pgaz. 2009-06-07_04-06-502009-06-09_00-55-22