L’envie de remonter cette vallée de Chokh Dara au départ de Khorog pour apercevoir les sommets de Engels et Marx à plus de 7000m. Et une crevaison facile à réparer avec de la colle.





Quelques villages de long de la rivière

une rivière facile, juste pour laver les pneus !


mais pas de trafic et nous serons bientôt seuls dans la montée vers le col. Pas la moindre indication, nous n’avons pas une bonne carte ni points GPS, seulement la boussole et l’information selon laquelle il faut demander aux bergers, une fois arrivés au lac le passage de rivière le plus aisé. Cela monte continuellement jusqu’à un lac, mais il est tout petit.

On tente vers l’ouest et voici le grand lac. Pas de rivière forte, c’est bon pour nous. Sommes à 6 km de la route à rejoindre, plein nord. On continue, mais la piste devient de plus en plus difficile. Une forte descente. Nous voyons en contre bas la route à rejoindre encore faut-il y arriver !!! Plus d’une heure pour ces derniers kilomètres, pierre par pierre, virage par virage, ruisseau par ruisseau et en bas... une rivière, mais une grosse rivière puis une courte pente très raide pour accéder à la route ! Pas possible de prendre de l’élan. Examiner les traces attentivement, ne plus trop réflechir et pleins gaz Pgaz, ne lâche pas ... on passe la rivière puis, ultime effort, Pgaz s’arrache sur cette foutue pente jusqu’à la route... traces blanches sur l’asphalte, sommes arrivés ! quel bon dodo après des dernières heures !

Il faut un permis spécial pour faire la grande boucle sud du Pamir tadjik par Ichkachim. La route longe la rivière Pamir qui délimite la frontière avec l’Afghanistan. Juste une rivière à franchir !

Les tadjiks du Pamir sont de confession ismaëlique dont l’Agha Khan est le chef spirituel. Un climat particulièrement amical nous aura accompagné toute cette semaine. Les familles sont dans les champs pour les récoltes : blé, foin, herbes, pommes, patates, courges, tournesols, noix, raisins, miel... on se salue facilement... les gens invitent à prendre le thé : « tchai » « tchai » autant de bons moments au fil de la route. On s’arrête pour plonger dans des sources chaudes, on trouve un campement tranquille pour la nuit, on se lance dans la découverte de pétroglyphes, on s’arrête au hameau pour le plein d’eau, on découvre la tombe d’un gendre du Prophète, ici et là des ostons, petits oratoires ismaëliens ornés de cornes, celles du fameux mouton de Marco Polo qu’on ne trouve pratiquement plus qu’en décembre lorqu’ils quittent les hauteurs pour la période du rut... la route offre de nombreuses surprises et nous profitons d’un beau temps d’automne jusqu’à Khorog, grosse bourgade servant de frontière principale vers l’Afghanistan, fin de la M41.

Petit pays d’altitude avec 8 millions d’habitants dont 600.000 dans la capitale. Des sommets (Marx. Engels, Lénine...) le gotha y domine à plus de 7000m. Les routes sont dans un état désastreux sauf « la route des chinois », la M41, axe reliant la Chine par Murgab et Khorog à l’Afghanistan. Les camions chinois circulent en convois continus. Je ne pense pas que ce soit des cargaisons de poupées Barbie qui circulent 24h sur 24h ! Sortis de cet axe, il nous a fallu 2,5 jours pour arriver à Douchambé, la capitale : moyenne 20km/heure avec un passage de rivière laborieux pour tout le monde ! Mais des paysages magnifiques !
Premier grand col, le Kyrzyl Art pass à 4300 mètres après la douane : les douaniers remplissent les papiers dans leur dortoir, couchés sur des lits superposés et vous proposent de vous asseoir sur le lit inférieur... difficile de prendre une photo ! Premier grand lac, le Karakull, superbe bleu. Première bourgade, Murgab, une seule station d’esence mais impossible de trouver un morceau de pain mais nous avons prévu des provisions pour une dizaine de jours en vue de la traversée du Pamir. Les petits magasins ne vendent que des bonbons, des biscuits et des sodas...
Sommes en compagnie d’un couple allemand Anja et Christian voyageant dans un gros Man. Crevaison ! La clé pour desserrer les boulons casse ! pas de trafic en vue, pas de camion, Pgaz dépanne pour une soudure à 30 km de là. Et... la soudure saute ! Christian réussira à réparer sans sortir les écrous ! Nous explorons le haut Pamir vers Jalang... solitude garantie avant de reprendre la M41.

Depuis la Mongolie nous avons vu des centaines de yourtes. Blanches et parfois très grandes en Mongolie où elles peuvent servir de lieux de culte, plus petites et souvent grises au Kirgistan servant d’habitat l’été dans les montagnes lors de la période de pâturage. La cuisine est souvent dehors car il y a tout le travail du lait et la préparation des fromages dans les grandes cuves en fonte. Le fromage séchera ensuite sur le toit de la cuisine ! Clin d’oeil sur le montage d’une yourte : pas un seul clou, tout tient avec des noeuds, les flans de la yourte se plient et déplient comme un treillis facilitant le transport. La coupole du toit comporte au minimum une dizaine de montants en bois de saule. Une extrémité est arrondie pour être attachée au treillis, l’autre extrémité est taillée pour s’encastrer dans la grande roue supérieure au sommet de la yourte. Moment délicat lorsqu’il faut bien enfoncer tous les montants dans la roue tenue en équilibre avant d’être stabilisée. Les étapes : choisir la place de la porte et disposer le treillis en cercle tout autour. Relier les éléments. Enfourcher la roue supérieure sur une grande perche et y encastrer successivement l’ensemble des montants qui seront attachés ensuite avec des lacets au treillis. Ensuite on pose les bâches sur les treillis puis celles du toit. C’est tellement lourd que cela se fait à plusieurs. Au final il ne reste plus qu’à poser (au lancer !) la partie triangulaire qui occultera la cheminée de la yourte. Les grandes cordes viendront sangler le tout. Mobilier et décorations intérieures compléteront le montage.

Les marchés d’Asie ! Osch a la réputation d’un grand bazar. On y trouvera de tout, en pleine activité. Pas seulement les étals de vente mais aussi de vastes secteurs où travaillent les forgerons, les ferblantiers, les menuisiers... Cela frappe, perfore, meule, scie, polit, coupe... il y en a pour le nez, les yeux, les oreilles ! Ici le combat de coq se prépare, à côté les lapins, poules et tourterelles sont en vente. Faire son marché nécessite de parcourir le secteur des légumes verts différent de celui des patates-oignons ou encore des fruits frais vendus dans de grandes cuvettes ou des graines (riz vendu en sac de 20 kg) ou du miel vendu en bouteilles, ou des grandes étendues de fruits sec abricots, raisins, amandes, noix, tournesol, pistaches... Pas de touristes. On se perd entre les quartiers de bidoche rouge le ventre à l’air, la section des fleurs avec ses oeillets et arums, les pièces pour vélos, l’électricité et la plomberie, les cordages, les savons... un monde bon enfant où personne vous interpelle ! Une curiosité dans le coin des berceaux : les pipettes à pipi de bébé, oui, on peut faire faire pipi à son bébé sans le sortir du berceau en glissant par le trou du bas une pipette mâle ou femelle selon !

Longue route, passage de cols en altitude pour accéder au lac Sun Kol à 3100m, mais quel bel environnement. Les yourtes d’été sont autant de taches blanches dans le paysage. Elevage de chevaux, les poulains sont attachés ainsi les juments ne sont pas bien loin pour la traite du lait (franchement difficile de boire ce koumis acide). On vous invite facilement à entrer dans les yourtes pour un « tchai » immuable thé au lait servi avec du beurre, du pain ou des beignets. Si rares en Europe, les edelweiss sont ici en légions, les troupeaux broutent de l’edelweiss !!! Paysages superbes et changeants selon le moment du jour, au réveil la neige n’est pas tombée très loin, au couchant le ciel s’embrase. Rencontre des suisses Madeleine et Albert avec lesquels nous passerons quelques jours agréables jusqu’au grand marché du dimanche à Osch le 5 septembre... pendant que Karine, rencontrée peu avant, arpente celui de Kahgar en Chine !

Une grande première cette année, la fête des abricots au bord du lac nous a donné une occasion de vivre des réjouissances locales : rassemblement de vieux en costumes, de jeunes en musique, courses au sac après avoir avalé une pleine assiette d’abricots, jeux équestres pour rattraper la fiancée ou ramasser la tête du mouton sectionnée peu avant... on se dispute l’une ou l’autre avec autant d’ardeur ! Vente de jus, confitures, gâteaux, fruits séchés. Discours des officiels avant la mélopée du conteur solitaire déclamant le Manas national, une « Iliade des steppes » plus longue que l’Odyssée. Cette tradition orale a été préservée par les manachis compteurs dédiés aux aventures épiques de Manas ce guerrier héroïque, fierté nationale. Occasion d’entendre des instruments musicaux anciens.

La perle du pays, ce lac salé (le 2ème plus grand lac alpin avec ses 170km sur 70km) aux deux rives contrastées : plages de sable et tempêtes au nord, soleil et calme au sud. Nous voulions aller explorer la chaine des Tian Shan jouxtant la Chine mais la durée d’obtention du permis était trop longue. Pas facile ces pays où il faut encore des autorisations pour accéder à telle ou telle région ou province ! nous avons profité de la rive sud, ballades, baignades, cimetière comme un village miniature... vallée des fleurs, Altyn Arashm et un aperçu des sommets de l’Altau qui cachent les Tian Shan... petite compensation ! Au bout du lac nous évitons la capitale pour virer au sud jusqu’à Naryn pas loin de la frontière chinoise au pays des tapis de feutre, les shyrdak. La laine est bouillie, pressée en rouleaux plusieurs fois. Les morceaux sont assemblés ensuite selon les motifs visés. Long travail mais le tapis est solide ! Rencontre de Karine qui rejoint Kashgar en Chine ultime étape de la route de la soie.

Encore quelques jours et nous quittons, le 25, un pays très occidentalisé. Les repères habituels sont bien présents, cafés avec des terrasses, signalisation routière précise, police présente... oh combien ! centres commerciaux, jardins aux beaux arbres, familles ou couples qui se balladent. Un parc automobile édifiant : 60% des voitures sont des Mercedes et des Audi avec des BMW, le reste se partage entre de luxueux Toyota et quelques autres marques. Pas de vieux tacots, pas non plus de voitures françaises le marché des occasions allemandes a son débouché garanti ici, alors qu’en Russie ce sont les japonaises qui affluent de Vladivostock par camions entiers ou par conduite individuelle, les chauffeurs se regroupent et on les croise par petits groupes roulant à vive allure. Finalement c’est bien reposant de retrouver un environnement « connu » et confortable, abondance d’aliments variés (je ne vous dis pas le summum d’une glace au café Mövenpick !). Demain ce sera fini et on sera de nouveau heureux d’un quotidien bien plus basique avec le retour en pleine nature, la recherche des coins tranquilles, les cols, les canyons, les rivières, les petits villages perdus...

Almaty
fut la capitale du pays après Turkestan dans les temps anciens et avant Astana, nouvelle cité créée par le président un peu dans l’esprit de Brasilia ! Nous ne ferons pas les 1000 km vers Astana mais une exploration à l’ouest vers Turkestan
en profitant aussi du site de pétroglyphes de Tamgaly, cela valait vraiment la peine.

Le dernier bout de route nous a enchanté par la multitude d’oiseaux sur les arbustes dont un cousin du rollier aux ailes turquoises, le sienegalka.
Autre étape vers une réserve naturelle Aksu Zhabagly.
L’impression que les gens d’ici ignorent ces sites lorsqu’on en parle, ils ouvrent de grands yeux ! Près de Taraz le petit mausolée Aysha Bibi dédié à une Juliette locale par son Roméo éperdu d’amour.
La route est jalonnée de vendeurs de pastèque et de miel attendant le client couché sur le lit.
Les champs de céréales se succèdent. Les pompiers ont des antennes le long de la route tellement le risque de feu est élevé.

Un immense pays, le 9ème en taille, avec un président mégalo et richissime... le pétrole profite à quelques uns, mais le président veille sur le peuple si on en croit les nombreuses affiches jalonnant les routes.
Entrés par le nord est, nous avons suivi l’est du pays sans aller jusqu’à la mer d’Aral. Grande réputation de l’homme d’or (qui était peut être une femme, no say !)
mais en fait, peu de choses à visiter. Accueil très amical des gens
: gestes amicaux le long de la route, contacts à la pompe à essence ou à la pompe à eau...

Bivouac au bord d’un champ de coton et bon contact avec les paysans venus irriguer au petit matin...
Des flics qui contrôlent la vitesse mais Jacques les a soigneusement évités jusqu’à présent, cela vaut mieux pour nous !

Difficile d’imaginer le plaisir de retrouver une vie plus facile, la fatigue diminue et la contrainte du visa pour entrer au Kirgystan le 25 août nous donne une belle semaine de rythme cool... et la posibilité d’actualiser le site... moments bien agréables !