12-Ça va la savane ?
28juin2012
Le zéro et l'infini en pleine savane ??? Presque à portée de main… suspens jusqu'à LawnHill. Quitter la côte Est et rejoindre les Territoires du Nord, plusieurs possibilités : nous choisissons les pistes alternatives de l'axe Cairns/Broome. Cette route de 3700 km relie les deux côtes. Les pistes alternatives permettent d'aller vers le Golfe de Carpentaria, voir la mer à Karumba, la capitale des crevettes, puis de replonger dans l'outback profond, celui des pistes où l'on croise plus de vaches que de véhicules. Quelques préparatifs : ajuster le gonflement des pneus, mettre 20 litres la réserve de diésel, avoir de l'eau et des provisions car plus de ravitaillement possible avant quelques jours. Go ! La route est d'abord "normale" juste haute en couleurs, puis il faut se partager la voie unique. Traversées de rivières bien aménagées même si les débordements sont fréquents de Novembre à Mars. Ensuite la piste commence.
Observation : les anciens poteaux télégraphiques sont encore debout avec leurs bobines en émail mais les oiseaux ne les utilisent pas. Ici pas plus qu'ailleurs en Australie, pourquoi ?
Normanton, 1100 habitants. Nous trouvons un garage pour le changement des huiles et la rotation des pneus, mais également, une boucherie-verte-qui-vend-aussi-du-poisson. De légumes, point. Un centre d'information fait le récit des 150 dernières années, la ruée vers l'or a amené des Chinois, une cohabitation parfois violente. Peu d'informations sur la communauté aborigène, mais un reportage sur les dernières inondations. Chaque village a un centre d'information tenu par des bénévoles motivés ainsi qu'une bibliothèque avec internet.
Un village de l'outback = un pub, un motel, un magasin/pompe à essence autour du monument à la mémoire des soldats de l'ANZAC. Le centre se réduit à une rue ou un croisement de rue. Quelques pas de côté et la campagne commence. Visite de Normanton : le circuit touristique passe par le magasin général Burns Philip and Co reconverti en centre d'information, l'ancienne prison, un crocodile géant, des toilettes publiques couleur locale et un carrefour où les locaux croisent les vacanciers tirant leurs caravanes aux noms prometteurs : Suprême, Rêve, Aventure, Outback…
Centre ville : un croisement devant le monument aux morts. De l'ombre sous les poteaux...
Des poteaux historiques tout comme la bordure du trottoir et les plaques en fonte signées Normanton. Si on cherche, on trouve de quoi rendre intéressant le déplacement ! Venez nous voir, découvrez nos racines. Tel est le slogan du moindre village, hameau, motel, relais, exploitation agricole ou minière. C'est une constante en Australie, tout ce qui peut être valorisé est présenté avec soin et décrit avec moult superlatifs : le plus de ceci ou de cela. L'originalité n'est cependant pas toujours au rendez vous… Nous irons sur la piste des fossiles UNESCO avec conviction… suspens jusqu'à LawnHill, encore quelques centaines de km de piste et vous aurez la réponse… Pour l'instant, Normanton.
A quelques pas de la rue principale, la campagne commence, les oiseaux se promènent.
Jack's sait tout faire autant sur les véhicules que dans la construction. Très occupé durant ces quatre mois de belle saison mais il trouve un moment pour Pgaz. Ici, chaque professionnel travaille sur 200 km à la ronde, voire plus.
Un gigantesque crocodile en pleine rue ??? En juin 1957 une femme, Krystina Pawlowski a abattu ce qui est le plus gros crocodile connu. Photos souvenir et réplique de la bête : 2 tonnes, 8,63 mètres… bien plus long que Pgaz.
Souvenir des inondations de 2009. Tout est plat dans ce pays, mais les inondations sont fréquentes..
Bye bye Normanton, le road train est plus gros que le magasin général !
Après une matinée "touristique" à Normanton, nous prenons la route pour Karumba, au bord du Golfe de Carpentaria, 73 km. Il fait chaud. La plage hésite entre le sable et la mangrove. On marche sur des pierres constituées de coquillages. Cela nous rappelle une plage de la côte ouest, vers Eagle Bluff/Hamelin qui exploitait ces coquillages compressés, taillés en pierre de construction. L'épaisseur de la couche exploitable atteignait dix mètres.
Les Australiens voyagent avec beaucoup d'équipement, la pêche étant un passe temps favori (pas seulement pour Lynda Lemay), ils ont souvent en plus de leur caravane une barque fixée sur le toit ou remorquée. Pêche en mer, en lac, en rivière, partout on croise des chaloupes couvertes de poussière ! Le parking de Karumba donne la mesure.
Sécurité, voici le point GPS à retenir. Petit ou grand modèle, tous les bateaux sont imaginables.
Le camping est bondé, comme il est interdit de se poser n'importe où, le terrain jouxtant le camping accueille le trop plein, appréciez la taille des véhicules, qui parfois tirent en plus une voiture, un bateau ou une remorque.
Loisirs pour ceux qui passent un mois ou deux au soleil, loin de l'hiver de Sydney ou Melbourne ? La pêche bien évidemment mais aussi le golf et… le tricot ! J'ai été amusée de voir que le kiosque du camping est approvisionné de multiples pelotes de laine. Les Australiennes tricotent au soleil !
En vol, en ville ou au bord de l'eau, les pélican donnent l'impression d'être "vieux".
Le jour suivant, nous replongeons dans l'outback. Les champs de termitières se succèdent et soudain un dingo traverse la route, apparition fugitive, il disparaît dans le fossé, voici le meilleur de nos prises de vues. Nous sommes tellement contents d'en avoir aperçu un vivant.
Quittant le bord de mer, nous assistons à des moments magiques… kangourous et ibis,
envol d'une nuée de galas gris et rouge (sous les ailes)
Rencontre surprise avec le brolga à tête rouge et d'autres plus petits formats volants…
Le bustard australien s'est immobilisé, pour notre plus grand plaisir !
Et les anonymes virevoltant seul ou en bandes...
Perroquets vert vif, éblouissants avec l'intérieur de leurs ailes rouges… Nous sommes gâtés !
Les rapaces en pleine dégustation… chaque jour offre ce spectacle.
… histoires de vaches : elles tracent leurs propres sentiers, mais traversent volontiers !
La route reprend, quelques reliefs chauves animent le paysage puis c'est le plat pays !
Etape dans une road house, Wills et Burke, ces deux explorateurs envoyés du sud pour rejoindre le Golfe de Carpentaria. Une erreur de boussole leur a coûté la vie. Les dromadaires accompagnaient l'expédition. Maintenant les "caravanes" passent à la pompe. Le litre de diésel varie 1,50 à 2,21 dollars australiens, d'où l'intérêt d'avoir un plein en réserve.
Lorsque les monstres de la route passent, Pgaz se range gentiment sur le bas côté. Il faut plusieurs kilomètres pour arrêter le convoi. Prévoir 2,5 km pour doubler un road train roulant à 100 km/heure. Un chauffeur nous a raconté qu'une fois, en croisant une caravane, le déplacement d'air avait fait éclater la caravane. Il avait aidé les malheureux propriétaires à rassembler le matériel éparpillé aux alentours. On bascule entre le rire et la stupeur !
Question encore non élucidée : avec 74 pneus sur un tel attelage, combien y a t-il de roues de secours ? Jacques vote pour 2 et moi je penche pour 8. On doit aller aux renseignements !
On se rapproche d'Adel's Grove et du parc de LawnHill. Le campement est ombragé. Nous projetons deux balades : l'une en canoë vers les gorges de Boodjamulla, l'autre à 50 km sur le site des fossiles de Riversleigh… bientôt la fin du mystère de la première photo ? Balade en kayak dans les gorges, vers les chute Indari.
Le rouge des parois rocheuses se reflète dans l'eau. Un petit portage permet d'accéder aux secondes chutes. Nous profitons de l'étape pour grimper au point de vue sur les chutes Indari.
Un daper sur sa branche et un crocodile d'eau douce au museau effilé sur sa plage privée.
Encore quelques tours de roues et 50 km plus loin, nous voici sur les terres des aborigènes Wuanyi, au site des fossiles de Riversleigh, les plus vieux fossiles (évidemment) d'Australie, cités en équivalents de ceux de Naracoorte, à 2000 km d'ici. Monts et merveilles ? L'Unesco a inscrit ce site au patrimoine de l'humanité. Allons voir de plus près. Une colline, quelques panneaux explicatifs, un circuit et le zéro et l'infini… enfin presque !
Deux gros animaux emblématiques nous proposent un suspens de plus : un énorme oiseau de 2,5 m de haut, pesant 300 kg, dépassant largement les grosses autruches et le fameux cassowary local. Ainsi qu'un crocodile de 5 mètres de long, le baru wicken. Les crocodiles existent en Australie depuis 110 millions d'années, sur les neuf espèces initiales, il ne reste que les crocodiles d'eau douce et les crocodiles d'eau salée, bien plus dangereux. Devenus un peu moins ignorants, nous partons explorer le site. Reportage. Voici la tortue et son panneau explicatif, fort utile, vous aussi apprécierez.
Le gros oiseau, son "pilon" et les indispensables explications !
Et, le clou du circuit, le crocodile. Nous restons comme deux ronds de flan en contemplation devant ce vénérable anneau puis nous allons comprendre qu'il s'agit d'une rondelle de crocodile prise sur sa patte arrière gauche. Fabuleux, à voir ! Le zéro et l'infini ont pris tout leur sens. Merci de votre patience… le parking est désert à Riversleigh, pas de queue à faire pour aller voir la patte du crocodile. Ce fut un moment très drôle, faisant réfléchir sur les superlatifs des guides touristiques. Ce reportage un peu détaillé vous évitera le détour ! Sauf pour les spécialistes et les émotifs : toucher un os vieux de 25 millions d'années.
Fin du suspens, le zéro et l'infini ! Traversée une communauté aborigène, interdiction de l'alcool et de la pornographie. Barrières dérisoires, si on en juge au nombre de cartons de bières abandonnés dans le fossé. On boit sur la route… mais pas dans la réserve.
Autre panneau, il faut tenir compte des distances entre les pompes à essence.
Nous reprenons la route vers Devil's Gate (la Porte de l'Enfer). Ultime poste de police chargé, il y a encore 50 ans, de faire régner l'ordre entre les communautés aborigènes et les fermiers blancs. Maintenant, c'est une paisible Road House fière de son aéroport, accueillant les passants tant pour le diésel que pour le café. Ne pas espérer se ravitailler, il n'y a que des citrons proposés à 50 ct pièce.
Les mâles et les femelles, les anges et les démons ? Chacun son entrée… sanitaire !
Les cônes jaune d'or des banksias et le buisson rose (turkey bush).
Termites magnétiques, celles qui se font de l'ombre, astuce efficace d'orientation N/S.
Passage de rivière au départ de LawnHill en direction de la Porte de l'Enfer (Hell's Gate). Nous avons quitté la piste principale pour traverser plusieurs domaines d'élevage bovin. Prière de refermer la grille sinon… amende.
Soudain une rivière à traverser mais on ne voit pas l'autre rive, une flèche sur un arbre fait comprendre qu'il faut slalomer entre les arbres, la terre ferme est à 200m. C'est parti, Pgaz plonge et va remonter après sa trempette ombragée.
Petit matin, au sortir de LawnHill, un nuage bien spécial traverse le ciel, trace d'avion ? non, c'est un de ces nuages en rouleau, habituels ici. Ce n'est pas encore la "haute saison" pour les voir strier le ciel, bien parallèlement. En voici un tout seul, en compagnie motorisée.
Paysages "vides" alternant avec de légers reliefs. Belle piste. Des boeufs, pas de voyageurs.
La dernière rivière à passer avant Hell's Gate est aménagée. Ici aussi les inondations débordent largement du lit de la rivière. Photos mémorables des dernières inondations à Hell's Gate.
En route, trois cadavres de marcassins (les petits du sanglier). Comment est-ce arrivé ?
La piste continue vers la frontière entre le Queensland et les Territoires du Nord, 60 km après Hell's Gate. Le relief est plus vallonné avec de nombreux passages de rivières. On imagine la difficulté durant la saison des pluies.
Plusieurs zones brûlent, les feux traditionnels qui sont décidés entre les Aborigènes et les Rangers. Cela ne porterait pas préjudice à la faune et à la flore… seulement à la couche d'ozone, mais elle semble bien loin des préoccupations locales.
Régulièrement, des épaves rappellent les dangers de la piste.
Un nouvel arbre commence à devenir familier : le pandanus avec son allure de palmier débonnaire. Les fruits et les feuilles sont utilisés par les Aborigènes. Je découvrirai plus tard la fabrication des bracelets, corbeilles et paniers en feuilles de pandanus. Les acacias sont en fleur ainsi que les pompons oranges. Ici les banksias sont blancs.
Vie animale, un bel oiseau et les termites qui ne semblent pas affectées par les feux. Si une termitière est tombée sur le côté, la vie "reprend le dessus" et les nouvelles constructions repartent à la verticale. Pas plus compliqué que cela !
Nouveau suspens dans l'étape suivante, notre carte mentionne plusieurs "lost city" entre Boroolola et Roper Bar : des cités perdues ? S'agit-il de villages abandonnés ? Mais les aborigènes ne construisaient pas de villages. Ancienne civilisation ? Non, plus prosaïque, il s'agit de formations rocheuses qui, à l'image des cheminées aux fées ou pinacles, forment un dédale de tours pouvant donner l'illusion d'une ville abandonnée à la végétation. Excitant ! Nous allons chercher les moyens d'y accéder car certaines ne sont accessibles qu'en hélicoptère et d'autres nécessitent d'avoir obtenu… la clé de la barrière. Le Ranger n'est guère disponible. Alors nous trouverons un site plus accessible. Balade dans une cité perdue photogénique, celle du Sud, proche de Lorella Springs.
La piste change parfois de couleur, le relief se stabilise, bientôt Roper, dans 150 km !
Passage de rivière : le panneau indique 2 mètres en saison humide, rien aujourd'hui.
Peu avant Roper Bar, une large rivière, la Roper. Des pêcheurs y séjournent plusieurs semaines. Un campement temporaire d'une vingtaine de tentes et caravanes baptisé "Tomatoe Island".
Roper Bar : un bar sans alcool tenu par des Aborigènes, le diésel est affiché à 2.21 dollars, un record… vive la réserve ! 20 km après Roper Bar, l'asphalte réapparaît.
Nous retrouvons la "civilisation" après cette belle virée dans l'outback. Cap sur Mataranka, ses sources chaudes, puis Katherine.