Expulsés du pays
25/10/09 10:47
« Quitter le territoire dans les 72
heures pour avoir brisé la loi », un tampon dans
notre passeport en face du visa ouzbèque.
Qu’avons nous fait ??? ou plutôt pas fait !!!
L’agence de voyage qui nous a obtenu les visas
ouzbèque et turkmène ne nous a pas indiqué
qu’il fallait se faire enregistrer dans les 3
premiers jours auprès de l’Ovir et pour cela
passer par un hôtel qui se charge des formalités. Dès
l’entrée en Ouzbékistan, nous allons, à notre
initiative quand même au bureau Ovir de Kokan pour
demander notre enregistrement. 1 heure de discussion,
ils ne veulent pas nous enregistrer, disent que cela
n’est plus la peine depuis la nouvelle loi...
je leur demande de me l’écrire puisque ce
n’est plus la peine, ils disent qu’il
n’y a pas de problème... A Tashkent, la
capitale, nous redemandons au guichet de 2 grands
hôtels, divers appels téléphoniques et on nous redit
que cela n’est pas la peine. A Samarcande comme
nous restons plus de 3 jours nous allons stationner
devant un B&B et demandons l’enregistrement
Ovir, ce que le B&B effectue de suite pour nous.
Nous quittons Samarcande pour Boukhara et décidons de
dormir 40 km avant. Comme à l’accoutumée depuis
bientôt 4 ans et 15 jours dans ce pays, nous nous
arrêtons dans la campagne. Echanges sympathiques avec
des jeunes étudiants et professeurs qui sont
réquisitionnés 3 mois pour la récolte du coton. La
nuit tombe. Toc toc, je sors, 3 policiers nous
demandent nos papiers. Ils recopient les informations
de nos passeports. Je récupère non sans mal nos
précieux livrets et les redonne à Jacques resté dans
Pgaz. Discussion, nous devons quitter ce champ
« pour notre sécurité et aller à
l’hôtel ». Nous refusons. Ils font
plusieurs appels et me passent une personne qui parle
français. Injonction de décamper, on va être en
convoi jusqu’à Boukhara et on doit aller à
l’hôtel sinon amende. Il fait nuit. On ne
s’en sort pas. On se dit qu’on va aller
sur le parking de l’hôtel où sont actuellement
le couple d’allemands avec lesquels nous devons
passer la frontière Turkmène fin octobre. Roulons
dans le noir avec les flics aux fesses dans leur
antique Lada. Le lendemain à 8 heure le flic est en
faction sur le parking pour nous conduire à
l’Ovir. Nous voici donc les 4 touristes à
l’Ovir... et commence une rude expérience.
Incompréhension de la situation, nous demandons un
interprète. Une heure après arrivent 2 personnes : le
gérant de l’hôtel où nous avons stationné, il
parle anglais et une jeune femme guide parlant
français. Nous réexpliquons les choses, demandons
d’appeler leurs collègues de Kokan, de prendre
en compte les reçus des parkings d’hôtels...
aucune bonne volonté, juste la répetition « vous
avez brisé la loi »... encore une heure de
palabres et le policier nous dit qu’il faut
aller au bureau des affaires administratives de
Boukhara. Repartons tous en taxi. Dehors nous attend
une personne en civil « vos passeports »,
je lui demande qui elle est. Il sort une carte de
police, vite refourrée dans la poche. Nous voilà à 8
dans un petit bureau et cela va durer jusqu’à
15h30. Nous appelons l’agence de voyage qui
nous dit qu’elle envoie le fax du texte de loi
immédiatement. Bien sûr le policier ne trouve pas
trace de ce fax. 4 heures de palabres. Rédaction
d’un texte explicatif en français. Traduction
en ouzbèque. A chaque étape nous pensons que le bon
sens va revenir. Mais le piège se referme peu à peu
avec un policier totalement obtu. Pas question
d’appeler Kokan, ici on est à Boukhara, mais
est ce une police nationale ? si on rédige une lettre
nous voulons en avoir la copie, pas possible, alors
nous ne rédigeons pas de lettre, nous finirons par
obtenir la copie. Le ton monte. Nous exploserons
successivement les uns les autres. Je prend une
photo. Le policier furieux lève la main sur moi.
Jacques bondit et l’attrape au collet,
« don’t touch my wife ». Bagarre,
d’autres policiers entrent et moi je fonce dans
le tas en hurlant « laissez mon mari
tranquille ». Le calme revient, le porc va
s’épousseter le costume pendant une demi heure
! Il veut voir la photo, je sors l’appareil
mais c’est celui de Jacques donc je lui montre
le champ de coton de la veille. La photo est sur le
mien dans la rubrique bloc note.
Le piège continue à se refermer. Où est le chef demande t-il ? on répond que nous sommes 4 sans chef. On demande à voir son chef, bien sûr il n’est pas disponible. Alors, puisque nous avons brisé la loi, nous devons payer une amende de 1100 euros par personne ou bien quitter le territoire dans les 72 heures. 1100 euros, on marche sur la tête !!! Sans doute pense t-il que nous n’avons pas de visa pour le Turkmenistan (le visa doit nous être remis à la frontière) et que nous allons ainsi être coincés.
Celui qui fait fonction d’interprète en anglais nous harangue plus qu’il ne nous soutient jusqu’au moment où Jacques s’est mis à la bagarre. Il a manifesté un peu plus de retenue après cela. La jeune femme parlant parfaitement le français est totalement atterrée par l’attitude de ses compatriotes. « Pas bon pour notre pays, après vous ne revenez plus, nous perdons notre image, ce qui se passe ici, nous le vivons tout le temps, nous ne pouvons pas faire la preuve des choses, nous sommes toujours suspects, nous devons rédiger des tas de lettres inutules,... »Dans cette spirale infernale, le contact avec cette jeune femme franche et simple m’a fait du bien. Il y avait au moins une personne sensée mais elle n’avait pas le poids. Il faut le vivre pour sentir le mépris d’un homme, policier de surcroît qui se fait contrer par une femme, touriste, devant ses collègues. Devant notre refus unanime de payer une quelconque amende, il dresse son procès verbal, nous en demandons une copie, palabres pour obtenir la moitié du formulaire. Négociations pour que les 72 heures ne commencent pas le jour même mais demain. Au final il sort son tampon infâmant et se délecte à l’humidifier avec son haleine avant de l’apposer dans nos passeports. Il est 15h30, pas de pause pipi, ni thé, que du caca depuis 8h ce matin. On descend rapido les marches et stupeur, le manager faisant office d’interprète nous retient... il nous transmet de la part du policier... une invitation à déjeuner !
Sommes épuisés, abasourdis, inquiets pour la sortie car il faut maintenant s’organiser avec un nouveau calendrier pour les visas Turkmène et Iraniens. Une seule envie fuir cet endroit sordide, sortir du pays retrouver nos esprits, notre sérénité.
Le piège continue à se refermer. Où est le chef demande t-il ? on répond que nous sommes 4 sans chef. On demande à voir son chef, bien sûr il n’est pas disponible. Alors, puisque nous avons brisé la loi, nous devons payer une amende de 1100 euros par personne ou bien quitter le territoire dans les 72 heures. 1100 euros, on marche sur la tête !!! Sans doute pense t-il que nous n’avons pas de visa pour le Turkmenistan (le visa doit nous être remis à la frontière) et que nous allons ainsi être coincés.
Celui qui fait fonction d’interprète en anglais nous harangue plus qu’il ne nous soutient jusqu’au moment où Jacques s’est mis à la bagarre. Il a manifesté un peu plus de retenue après cela. La jeune femme parlant parfaitement le français est totalement atterrée par l’attitude de ses compatriotes. « Pas bon pour notre pays, après vous ne revenez plus, nous perdons notre image, ce qui se passe ici, nous le vivons tout le temps, nous ne pouvons pas faire la preuve des choses, nous sommes toujours suspects, nous devons rédiger des tas de lettres inutules,... »Dans cette spirale infernale, le contact avec cette jeune femme franche et simple m’a fait du bien. Il y avait au moins une personne sensée mais elle n’avait pas le poids. Il faut le vivre pour sentir le mépris d’un homme, policier de surcroît qui se fait contrer par une femme, touriste, devant ses collègues. Devant notre refus unanime de payer une quelconque amende, il dresse son procès verbal, nous en demandons une copie, palabres pour obtenir la moitié du formulaire. Négociations pour que les 72 heures ne commencent pas le jour même mais demain. Au final il sort son tampon infâmant et se délecte à l’humidifier avec son haleine avant de l’apposer dans nos passeports. Il est 15h30, pas de pause pipi, ni thé, que du caca depuis 8h ce matin. On descend rapido les marches et stupeur, le manager faisant office d’interprète nous retient... il nous transmet de la part du policier... une invitation à déjeuner !
Sommes épuisés, abasourdis, inquiets pour la sortie car il faut maintenant s’organiser avec un nouveau calendrier pour les visas Turkmène et Iraniens. Une seule envie fuir cet endroit sordide, sortir du pays retrouver nos esprits, notre sérénité.